jeudi 19 novembre 2009

Vive la science !

Après avoir endormi la méfiance des lecteurs avec un bon livre d’initiation, je vais vous décrire en quelques mots les objets de mes penchants les plus honteux, là où mon coté obsessionnel peut s’épanouir à son aise. Les objets car il y en a plusieurs. Ils sont dissimulés sous l’aspect de classeurs de fonctionnaire, ces gros classeurs gris à levier qui n’inspirent que rarement de désir chez l’humain normalement constitué. Mais ces classeurs contiennent une somme de documents sur le golf, et plus particulièrement sur le swing. Il y a des textes en anglais, en allemand, parfois même en français. Des centaines de pages sur un seul geste. Peu de photos, pas la moindre anecdote. Mais il y a des mathématiques, de la physique, de la physiologie, de l’anatomie. Tout ce que j’ai pu trouver sur le swing de golf et que j’arrive à comprendre.

Mais ces pages, d’où viennent-elles? Il faut croire que le golf est très répandu chez les universitaires, qu’ils soient mathématiciens, physiciens, médecins. Et tous ces éminents personnages ont, un jour ou l’autre, réfléchi à leur capacité à taper plus ou moins bien la balle. Comme ils sont éminents et universitaires, le fruit de leur réflexion ne pouvait déboucher que sous la forme d’un article scientifique, publié si possible dans une revue de référence. Ces articles, je me suis mis à les débusquer depuis quelques mois, et la pêche est très fructueuse.

Honnêtement, certains de ces articles sont vraiment abscons et ne révolutionneront jamais la technique de drive. Par exemple, j’en ai trouvé un dernièrement (plus exactement, un étudiant l’a déniché et me l’a apporté, mon péché mignon commence à être connu) en allemand sur les actions du carré pronateur gauche. Il n’est malheureusement pas en libre accès, sinon je me serais fait un plaisir de vous le faire partager. Bon, je l’ai lu six fois cet article, et j’ai encore du mal. Pourtant je suis sensé connaître assez bien ce dont il parle.

J’en ai quelques autres qui comportent plus de formules mathématiques que de phrases, productions de mes amis physiologistes. Les vecteurs y croisent les moments angulaires, les résistances élastiques s’opposent aux contractions isocinétiques. Et tout ça pour essayer d’optimiser et de rationaliser le swing; quels muscles, quelles articulations, dans quel ordre, avec quelles amplitudes. Et tous ces savants ne sont pas d’accord entre eux. Les «performants» contre les «économes» (ceux qui veulent augmenter la puissance contre ceux qui veulent diminuer le travail musculaire), les «musculeux» contre les «articularistes» (ceux qui raisonnent sur les muscles contre ceux qui se passionnent pour les articulations). A chaque fois des démonstrations implacables, des calculs aiguisés, des postulats inoxydables. Mais qui s’opposent d’un article à l’autre. Grâce à ça, ma perversité est rassasiée au-delà de mes espoirs les plus fous.


Par moments je me dis qu’il doit y avoir au milieu de toutes ces pages quelque chose de proche de la vérité. Je ne la vois pas vraiment (la verrai-je un jour?), mais au moins je comprends un peu mieux l’intérêt de tel ou tel enchainement de mouvements lors du swing. Sinon, j’ai quand même ma chapelle de prédilection, et ce qui tombe bien, c’est que sa doctrine est très connue, et publiée depuis près de 40 ans. Son évangile s’intitule «the Golfing Machine». C’est aride, difficile, et je ne suis pas d’accord sur tout. Le bonheur, quoi…

1 commentaire:

  1. tu vas finir au fond d'un bureau obscur dans une maison sous les vents au bord d'un océan indompté avec une bougie torturée comme seule compagne et tu ne verras plus jamais de terrain de golf toi!
    :D

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