Voici ce qu’a écrit récemment Stéphane Calem, célèbre
enseignant de golf :
la routine préparatoire.
Les bras sont relâchés et les mains tombent verticalement sous les épaules. Cette position requiert une légère flexion des jambes et du dos en respectant un espace suffisamment important pour le passage des mains.
L’inclinaison du dos ne doit pas supporter tout le poids du corps.
Les yeux sont au dessus et parallèles à la ligne de jeu, la tête peut se placer
derrière la balle comme Jack Nicklaus.
Une attention particulière doit être portée à l’alignement des épaules et des
avant-bras car ils sont les moteurs du mouvement et ils déterminent le plan de
putting.
Les pieds, genoux, hanches, coudes, épaules, yeux sont parallèles à l’adresse,
et cette posture ne doit pas s’ouvrir pour mieux voir la ligne de putt.
Le triangle “épaules-bras” est parfaitement parallèle à la ligne de jeu.
L’écartement des pieds est égal à la largeur des épaules pour une meilleure
stabilité du bas du corps. Cette immobilité est accrue par une position
légèrement rentrée des genoux (cf Arnold Palmer).
routine
Il est impératif de construire une routine rythmée et répétitive.
1) Imaginez la trajectoire de la balle dans le trou avec les deux yeux (vision
binoculaire), faites quelques putts d’essais, le corps et la tête toujours face
à l’objectif.
2) Marchez à votre balle parallèlement à la ligne de jeu en préservant le même
rythme.
3) Se placer parallèle à la ligne de jeu, le putter est posé square dix
centimètres à gauche de la balle.
4) Faites au moins trois putts d’essai en regardant le trou afin de ressentir
la vitesse du putter et de la balle.
5) Placez le club derrière la balle en avançant le pied droit puis le pied
gauche.
6) La balle doit être frappée dans les huit secondes qui précèdent le dernier
mouvement d’essai (le feeling est une mémoire à court terme qui s’estompe de 30% à chaque seconde écoulée au-delà de ce délai.
Au delà de la routine, le rituel est une fabrication très personnelle du joueur
juste avant de démarrer son club. Le subconscient (capacité inconsciente)
programme un geste mille fois répété au practice grâce à un "top départ”
matérialisé par un fin mouvement de main, de tête ou de bras …
La routine n’est pas une révision de la mécanique et doit impérativement être
exécutée dans le même rythme que votre putt (ce rythme personnel ou
morphologique peut être travaillé avec l’utilisation d’un métronome).
Le focus est la visualisation de la ligne de jeu et de la trajectoire de la
balle : La vision est binoculaire, les yeux parallèles au sol. Les mouvements à vide se font en regardant le trou afin de ressentir l'amplitude du geste et la distance à parcourir. Le focus et les différents déplacements du corps sont cadencés dans le même rythme.
L’exécution du putt
1) Les pieds, genoux, hanches, coudes, épaules, yeux et visières sont
parallèles à la ligne de jeu, la face de club est perpendiculaire.
2) La tête de putter s’éloigne lentement de la balle par l’intermédiaire du
“triangle” des épaules et des bras. La montée est en ligne, le putter suit
parfaitement la ligne de jeu. Les épaules s’articulent autour de la colonne vertébrale. Les hanches, jambes et pieds sont verrouillés. La balle est placée 3 cm devant le point le plus bas de l’ arc de cercle. La tête est restée immobile durant le mouvement ainsi que le centre de gravité. L’épaule gauche se baisse, la droite se lève, elles restent parallèles à la ligne de jeu. La tête de club est square.
3) La transition entre la montée et la descente du putter est un élément
déterminant car le club doit rester sur un rail idéal durant tout le mouvement. Tout comme le pendule, ce changement de direction est provoqué par la force
inertielle du putter (fortement lesté en semelle). L’erreur est de ramener le club par la force des mains et des poignets, le club quitte alors son chemin et cogne la balle au lieu de l’accompagner.
4) Au finish, l’épaule droite est plus basse que la gauche, les épaules sont
parallèles à la ligne de jeu. La tête de club est square et pointe vers l’objectif.
5)Les putts courts de moins d’un mètre, le putter suit la ligne de jeu, le
mouvement est symétrique, la frappe est franche.
6) Les putts de distance moyenne, les mains sont face à la cuisse droite au
back-swing, le club se déplace toujours en ligne.
7) Les longs putts de plus de 5 mètres, à la montée, les mains sont au delà de la cuisse droite, le club est à l’intérieur de la ligne de jeu, square à l’impact et à
l’intérieur au finish.
Le Balancier
Le mouvement est symétrique ou bien 1/3-2/3, ma montée étant moins importante
que la descente et ce, quelque soit la distance. L’erreur classique est de varier les longueurs de putt à partir d’un élan toujours identique. Le dosage devient donc aléatoire car il provient d’une accélération plus ou moins brusque du club à l’impact. Le véritable dosage doit impérativement venir de votre balancier qui monte le putter graduellement.
Exemple : amener la tête de putter jusqu’au pied droit équivaut à un putt court
5)
les mains au niveau de la poche droite détermine une distance moyenne 6)
et au delà, c’est un long putt 7).(voir ci dessus)
Stéphane Calem nous décrit ici une vision intéressante du
putting, qui est la vision qu'il en a. C'est certainement celle qu'il réussit à
enseigner avec le plus d'efficacité, et qui donne les meilleurs résultats avec
ses élèves, et je dis bravo. Elle est cohérente avec les putters
"modernes", c'est-à-dire fortement lestés en tête.
Cependant il me semble que cette vision ne soit pas la seule
qui existe, et je voudrais présenter quelques points de réflexion. Sa vision
reste, sur ce que j'en ai compris, basée sur un putting "en ligne" du
moins sur les putts courts et moyens. Elle est complétée par un balancier très
naturel, où le poids du putter assure la grande majorité du mouvement. La
participation volontaire du joueur est limitée surtout à l'armement (ou prise
d'élan), la suite du geste demandant des membres supérieurs très passifs (sans
être mous toutefois, plutôt comme des barres de transmission).
Or on peut critiquer quelques points. Ce mouvement
n'apparait pas comme évident sur un plan biomécanique. Il est basé
essentiellement sur une mobilité de la ceinture scapulaire sur le torse, et
ceci dans deux plans. Chaque omoplate va alternativement associer élévation et
rétropulsion, puis abaissement et antépulsion. Les articulations gléno-humérales
resteront peu mobiles. Ces groupes musculaires mis en jeu malheureusement ne
sont pas les plus adaptés aux mouvements fins, les muscles permettant
l'élévation et l'abaissement étant moins précis que ceux permettant l'anté ou
la rétropulsion (c'est normal, il s'agit de muscles essentiellement posturaux).
D'autre part, l'inclinaison du torse va être déterminante
pour obtenir la fluidité et la précision nécessaire au geste. Plus l'inclinaison
du torse sera importante, plus les mouvements des omoplates seront précis
(permettant un contrôle plus fin de l'amplitude du backswing et par là la
longueur du putt). Accessoirement, les gléno-humérales participeront plus au
geste global. Mais cette inclinaison importante du torse entraine un équilibre
moins sûr, avec par réaction une mise en tension plus importante des groupes musculaires
dorso-lombaires et des membres inférieurs.
L'association entre un corps globalement en tension
musculaire et des membres supérieurs relâchés n'est pas si évidente que ça à
réaliser, et peut être à elle seule source de mouvements incontrôlés, dont les
yips. Les belly putter et long putters permettent de s'affranchir de la
nécessité du relâchement des membres supérieurs, en réalisant un bloc unique de
la totalité des membres supérieurs, les seuls mouvements restant autorisés
étant les mouvements des omoplates qui ne pourront se réaliser que sur un seul
axe.
Il existe d'autres alternatives au putting en ligne et en
balancier, qui elles aussi sont loin d'être "l'arme fatale". Une
technique est le putting en arc de cercle qui se rapproche du swing des autres
clubs. Le swing devient intérieur-intérieur, en arc de cercle. Son principal
avantage biomécanique au niveau de la ceinture scapulaire est qu'il favorise la
mise en jeu de groupes musculaires et d'articulations plus précis, car les
mouvements impliquent plus anté-rétropulsion que d’élévation-abaissement.
Egalement ce mouvement nécessite moins d’inclinaison du torse, la stabilité du
corps demande moins de tension des muscles posturaux.
Mais ce mouvement ne se prête pas à la technique du
balancier, car le poids de la tête du putter la ferait sortir de l'arc voulu.
D'autre part, comme les gléno-humérales sont plus en jeu, la face du club
s'ouvre au backswing et se referme au DS. Le risque est alors grand de ne pas
avoir une face square lors de l'impact. Comme le mouvement ne peut être du
balancier, on rentre dans le domaine des mouvements actifs des membres
supérieurs, la tête du club reste en permanence sous le contrôle du joueur. Le
poids de la tête n'est plus forcément un allié, car le joueur a besoin de
grandes remontées de sensations, l'inertie d'une tête lourde les masquerait en
partie. Cette technique demande donc un putter plus court et plus léger.
Un autre point est à prendre en considération, il s’agit de
la facilité avec laquelle on produira un bon contact de manière répétitive. Un
putting en ligne avec un club lourd permet un bon contact à partir du moment où
l’alignement initial est correct, et cette technique est facilement
reproductible. A l’opposé, le putting en arc de cercle nécessite, comme le
swing classique, d’avoir un tempo précis et un chemin de club maitrisé pour
avoir un bon contact.
Ces deux techniques ont leurs avantages et leurs
inconvénients. Le putting en ligne assure un contact correct et répétitif sans
effort particulier, il permet un contrôle de la distance médiocre à acceptable
(en raison de la médiocre adéquation des groupes musculaires avec la fonction
désirée) mais reproductible même s’il manque peut-être de précision. Par
contre, les mouvements parasites indésirables sont mal évités (à moins de
passer sur des putters longs), et les sensations perçues par le joueur sont
faibles. Le putting en arc permet un contrôle très précis et maitrisé de la
longueur, les mouvements parasites ont une probabilité plus faible
d’apparaître, les remontées de sensations sont importantes. Par contre la
reproductibilité est très médiocre, le risque de contact imparfait est réel, et
finalement on peut avoir des erreurs d’orientation de la face du club.
Dans les paramètres, il ne faut pas oublier la stabilité de
la technique sous pression. Le putting est une situation à fort potentiel de
tension nerveuse, puisqu’il survient à la conclusion de l’évènement (en
l’occurrence finir le trou). Le putting en ligne suppose un bon relâchement des
membres supérieurs qui pourra être affecté en cas de stress, avec au pire
apparition de yips. Par contre, en absence de yips, le risque d’erreur de
contact ou d’orientation de la face de club reste faible. Le contrôle de la
distance dépendra également du relâchement, on pourra voir des erreurs survenir
sur ce point. Le putting en arc, lui, ne va pas ou peu être affecté par des
erreurs de distances liées au stress tant que le tempo est conservé. Par
contre, en cas de perturbation du tempo, les erreurs arriveront. D’autre part,
les erreurs d’orientation de face et de contact apparaîtront facilement.
Quelle voie choisir ? La réponse n’est pas évidente. A
priori le putting en ligne est plus facile à maitriser de manière acceptable et
permet des résultats plutôt rapides et corrects. Le putting en arc demande
beaucoup plus d’entrainement pour être maitrisé, les sources d’erreurs sont
variées. Par contre, il permet probablement de meilleurs résultats lorsqu’on
cherche l’excellence, car n’oublions pas que c’est en pratique la seule
technique permettant de réaliser des longs putts.