samedi 7 novembre 2009

Et enfin le petit dernier...

Il serait plus normal de finir de parler du dernier modèle de clubs du sac, le putter. Ce club renferme en lui seul les contradictions et les paradoxes les plus spectaculaires du golf. Son propos est de faire rouler la balle sur le green vers (et on l’espère dans) le trou. D’un point de vue mécanique et physique, c’est le club le plus simple à concevoir en particulier parce qu’il n’intègre aucune déformation au cours de son usage. Pas de shaft flexible, pas d’influence des capacités musculaires du joueur. Et pourtant… c’est le club qui reste à ce jour le plus variable dans sa forme. Je ne parle pas d’évolution au cours des âges, mais de diversité actuelle.

La longueur passe de 30 à 52 pouces, le poids de 400 à 950 grammes. Rien que ça est assez spectaculaire, sachant que ces dimensions extrêmes sont destinées à des joueurs comparables en taille et poids. Le plus baroque reste quand même la forme des têtes. Cette diversité extrême permet d’ailleurs à une multitude d’artisans de continuer à produire des clubs, rien qu’aux Etats-Unis on recense plus de 500 fabricants de putters, et je ne parle pas d’assembleurs. Il faut dire que la tête d’un putter est un bonheur pour qui possède une machine de fraisage. C’est un bloc de métal plus ou moins torturé avec une face plate. Les règles qui codifient la forme de la tête ont le bon gout d’être tolérantes, la créativité artistique peut s’exprimer pleinement.

Mais comment cela est-il encore possible à cette heure où les simulations en tout genre auraient du pour le moins affiner les paramètres idéaux? Parce que le putting lui-même n’est pas fixé. Comme je l’avais signalé dans une chronique précédente, il y a beaucoup de manières de putter. Que ce soit pour le stance, le grip comme pour le swing. Il y a 20 ans la mode est arrivée des longs putters car tout le monde pensait être atteint de yips comme Bernhard Langer. Il devenait rigoureusement indispensable d’avoir un putter longuissime, dépassant de plusieurs dizaines de centimètres tous les autres clubs du sac. Certains, plus snobs encore que les autres, rêvaient en secret d’avoir un putter plus haut qu’eux.

Puis il y a 10 ans est apparue la folie du putting en ligne. Au placard les grandes perches, les lames en bronze, vive les maillets, chaque année un peu plus lourds et un peu plus volumineux. Les formes de tête ne répondaient plus exclusivement à des critères mécaniques, mais aussi à des préoccupations de design, et certains esprits particulièrement pervers y ont vu un moyen de recycler d'anciens fers à marquer le bétail (ce dernier point, toutefois, n'est pas solidement attesté, seulement suspecté). Histoire de rajouter un peu de couleur, on vit fleurir inserts et gravures de la face, chaque fois nantis d’explications dont le caractère scientifique approchait de la poésie.

Ces derniers mois, il est de bon ton de bannir le putting en ligne, et j’avoue que ça m’arrange bien. Mais n’ayons crainte, quelque chose de neuf va surement arriver d’ici peu, je fais confiance aux esprits les plus créatifs des bureaux d’étude et aux expérimentations des fonds de garages.


PS: je reconnais bien volontiers que toutes ces diversités ont aussi leur utilité, que les longs putters permettent de bien contrôler les yips, que les têtes maillet avec un moment d'inertie très élevé assurent également un mouvement plus stable, etc...

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