dimanche 13 décembre 2009

Pour quelques euros de plus...

Ce soir je déverse ma mauvaise humeur. Peut-être parce que je suis éloigné contre ma volonté des terrains depuis quelques jours (saleté de travail !), mais surtout parce que j’ai reçu le fameux courrier qui me traite de pigeon. Je parle de la lettre de la Fédération Française de Golf qui prétend que les trois euros d’augmentation de la licence permettront d’obtenir l’organisation de la Ryder Cup en 2018. Comprenez moi bien, je ne suis pas contre le fait que la France soit l’organisatrice, bien au contraire, mais j’aimerais qu’on ne me prenne pas pour une bille en prétendant que c’est quasiment gagné. Parce que c’est faux. Et croire même qu’on a une chance relève au mieux d’une grande naïveté, au pire d’une réelle mauvaise foi.

Reprenons un peu la situation actuelle. Le board de la Ryder Cup a signalé il y a déjà pas mal de temps qu’il souhaitait que l’édition européenne d’une Ryder Cup à venir se déroule en dehors des îles britanniques. Cette idée lui a d’ailleurs été soufflée par nos amis scandinaves parait-il. La première date à pourvoir est 2018, et un appel à candidatures a été lancé. 6 fédérations y ont répondu ; la Suède, l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal et les Pays-bas. Ces 6 fédérations ont fait acte de candidature en juillet 2009 et ont comme objectif l’élaboration d’un projet qu’elles devront rendre en 2010, la décision finale devant être prise en 2011. Le projet doit répondre au cahier des charges pointilleux pour l’évènement, qui définit le terrain, les installations, l’accueil du public, des médias, les moyens d’accès, les hébergements, bref toute la logistique mais aussi l’impact écologique, le montage financier et sa viabilité.

Bien sur à ce jour nous ne connaissons pas en détail les différents projets pour deviner à coup sûr l’élu. Mais nous avons suffisamment d’éléments pour distinguer les favoris des seconds et troisièmes couteaux. Et c’est là qu’on nous prend pour des pommes. Nous sommes très loin d’être des favoris, contrairement à ce que notre fédération prétend. Et les 3 malheureux euros qu’elle nous extorque ne changeront rien à la donne (vous pensez bien, 900 000 euros par an pendant 2 ans payent à peine une campagne de promotion limitée au niveau national), ni même les paroles d’une secrétaire d’état à l’enthousiasme de circonstance. Car voyons les différents projets.

Tout d’abord, à mon sens les favoris, les Suédois. Ils semblent être à l’origine de cette volonté de sortir de l’archipel britannique. Ils ont de nombreux atouts. Une population de licenciés forte et impliquée, d’autant qu’ils ont le soutien de leurs voisins scandinaves. Ils ont actuellement plusieurs joueurs qui sont ou peuvent prétendre être des membres de l’équipe européenne de Ryder cup. Ils ont une fédération puissante, influente au niveau du golf européen. Ils ont le soutien de groupes industriels stables qui ont établi un plan de sponsoring solide. Et ils ont leur plus gros atout ; un terrain exceptionnel, construit per Trent Jones Jr et ouvert depuis 2007. Ce terrain a objectivement été dessiné pour être le théâtre de compétitions du plus haut niveau possible, en particulier cette cup. Tout y est pensé, de l’accueil du public à celui des médias, l’architecture et la localisation est idéale pour la mise en images. Le terrain lui-même bénéficie des plus récentes innovations, dans toutes ses composantes, il fait partie des terrains les plus spectaculaires au monde, à l’égal d’un Augusta. Le Scandinavian masters s’y est déroulé cette année, les retours ont été excellents.

L’Allemagne est la seconde favorite, ou la première pour certains. Son principal atout est la solidité du plan financier, déjà bouclé, et la multiplicité des localisations possibles. 6 terrains répondent aux critères, dont 3 intégralement. Les préoccupations écologiques sont annoncées prises en compte au premier plan, et la fédération est influente sur le plan européen. Les licenciés sont un peu moins nombreux, mais il existe aussi quelques joueurs qui sont capables d’intégrer l’équipe à ce jour.

Vient ensuite l’Espagne. Elle bénéficie de l’expérience de 1997 à Valderrama, très concluante. La fédération est importante, les joueurs nombreux à pouvoir prétendre intégrer l’équipe. Nombre de terrains sont capables d’accueillir l’évènement, et il existe un projet très avancé d’un grand complexe spécifique à quelques kilomètres de Madrid. Puisqu’il faut parler des points potentiellement négatifs à ce niveau, le risque de canicule est à prendre en compte, et le financement n’est pas bouclé à cette heure. Enfin, puisqu’ils ont déjà organisé l’édition de 1997, on pourrait penser que ce serait au tour d’un autre pays.

Reste trois candidats, le Portugal, les Pays Bas et nous. Les portugais ont un terrain qui peut être modernisé, au cœur d’une zone ayant de fortes capacités hôtelières et ils ont l’expérience de plusieurs championnats du monde par équipe. Ils sont malheureusement desservis par l’absence de financement bouclé, la faiblesse de leur fédération (par manque de licenciés) et leur manque de joueurs au plus haut niveau. Les Pays-Bas disposent d’un terrain qui peut être mis au niveau souhaité, ainsi que des moyens logistiques nécessaires. Ils manquent malheureusement comme les portugais d’une fédération puissante et de joueurs de haut niveau. Par contre, les craintes quant au financement sont moins importantes.

Et nous ? Si vous êtes patriotes inconditionnels, ne lisez pas plus loin. Nous disposons….d’un terrain. Et c’est tout. Et quand je dis terrain, c’est s’avancer un peu. Le Golf National, puisqu’il s’agit de lui, est un golf au milieu d’une zone économique et industrielle avec une pollution visuelle et sonore non négligeable. Ses fairways et ses greens sont très corrects, mais plus au niveau qu’on est en droit d’attendre pour un terrain qui ambitionne l’excellence mondiale. Et à part ça ? Ca se dégrade vite. Les capacités hôtelières à proximité n’existent pas encore (elles sont sensées exister lors du choix du projet en 2011), le financement n’est pas finalisé loin de là et enfin la fédération n’est pas la plus consensuelle au niveau européen, en particulier pour la gestion du golf professionnel. Enfin à ce jour nous n’avons qu’un seul joueur capable d’intégrer l’équipe. Et les joueurs d’aujourd’hui auront leur mot dire pour les choix de demain.

Pour résumer, rêvons de Ryder Cup, mais rêvons sérieusement. Si nous voulons réellement proposer un projet qui tienne la route, il faut y mettre d’autres moyens, comme de choisir un autre terrain que le terrain fédéral, bâtir un plan financier solide, éviter de voter trop fréquemment à l’opposé des autres fédérations européennes sur les questions touchant le golf professionnel. Et éviter de prendre les licenciés pour des gogos en les ponctionnant de 3 euros dont je doute que l’utilisation serve réellement à ce projet.

lundi 7 décembre 2009

Mieux que la starac...

Ça y est, la guerre est finie. La guerre des qualifications plus exactement. Ce tournoi est probablement le plus dur pour les joueurs professionnels de ce coté de l’atlantique (ils ont le même de l’autre coté, d’ailleurs). Suivant les participants, il reçoit le nom de Verdun, ou de la boucherie, ou du carnage. Ca pourrait ressembler de loin aux émissions de télé-réalité, sauf que c’est pour de vrai comme on disait dans les cours de récréation. Comme vous le savez si vous voulez vivre de vos gains au golf en tant que joueur, vous n’avez que deux solutions (je ne compte pas le montage d’arnaques aux gogos naïfs et fortunés auquel on assiste parfois); jouer le tour européen ou l’USPGA. Le seul problème de ces lieux de travail, c’est que leur entrée est très contrôlée, et qu’on se fait licencier dès que les résultats ne sont pas au rendez-vous. La voie normale pour accéder au Graal, c’est de gagner dans les divisions inférieures. Mais pour que le spectacle soit plus palpitant, qu’on aie un peu de sang par terre, on a inventé une deuxième voie, de repêchage comme de raccourci. Ce sont donc les qualifications, qui sont sensées permettre d’éviter la rétrogradation, ou de griller les étapes des divisions inférieures.

Mais déjà le jeu est biaisé, la promesse est souvent une fausse promesse. Vous grillez peut-être une étape sur le papier, mais vous n’avez pas le droit de jouer souvent, la faute à un classement qui vous impose d’espérer des indisponibilités des autres. Ces qualifications donc sont une marche terrible vers une illusion de vie meilleure. Vous allez enchainer des tournois à élimination directe, sans repêchage, mais avec des frais nombreux, une solitude, des partenaires qui sont devenus des adversaires directs (il ne faut plus bien jouer, mais jouer mieux qu’eux). La défaillance est synonyme d’élimination, un putt qui virgule et c’est la fin du rêve de toute une année.

Cette année, comme de nombreuses années, de nombreux français ont tenté leur chance, mais seulement 10 d’entre eux se sont retrouvés pour la dernière épreuve. Sur ces 10 d’ailleurs la plupart débutaient à ce moment leur qualification, étant dispensés des tours précédents. Ce qui veut dire aussi qu’il n’y avait presque pas de survivants des tourds précédents Des 30 français du premier tour, 8 ont atteint le second, et un seul le troisième. Rejoints par une nouvelle de fournée de 13 pour le deuxième tour, seuls 5 ont atteint la finale, qui ont retrouvé les 5 exempts des tours d’avant finale. Ces 10 mousquetaires avaient donc à lutter pendant 4 tours d’affilée, au milieu de 156 joueurs, et obtenir au minimum la 70e place, mais surtout être déjà dans les 30 éligibles. Chaque tour a vu naitre des espoirs, souvent cruellement piétinés le lendemain. Mais 8 sur 76 ont passé le cut. Les deux derniers tours furent les plus dramatiques, comme à chaque fois. Des 8 survivants, seuls 3 ont atteint le Graal d’une des 30 premières places. Et après… dans la pratique, peu de différence en termes de possibilité de jeu l’année prochaine. Deux des 3 n’ont gagné au final que quelques places dans l’ordre de jeu, ce qui en pratique ne changera pas leurs possibilités d’évoluer sur le tour européen, seul Benjamin Hebert a réellement bénéficié de ses qualifications. Pour tous les autres, soit 47, rien…