samedi 26 mars 2011

Les fondamentaux, encore et toujours

L'automne est au golfeur ce que le premier janvier est au civil; la saison des bonnes résolutions. Et comme les autres nos bonnes résolutions ne voient presque jamais le début d'une exécution. Bien entendu je n'ai pas dérogé à la règle, d'autant que pour le golfeur, la résolution est universelle: "c'est décidé, j'attaque, j'y passe l'hiver mais au printemps j'aurai un swing décent". Ne riez pas, soyez honnêtes, vous aussi vous vous êtes juré à peu près la même chose, vous avez une fois de plus noté le numéro de téléphone de votre pro dans votre agenda en vous promettant de l'appeler pour prendre au moins un cours (parce que faut pas déconner, un cours ça sera largement suffisant). Et bien évidemment, au vu de votre planning, vous n'avez jamais appelé le pro. Surtout qu'il s'est mis à pleuvoir, à faire froid, qu'il y avait plein de sorties intéressantes au cinéma, qu'il y avait les cadeaux des enfants à préparer.

Mais moi je ne suis pas comme ça. Parce que par chez moi la pluie ne nous gêne pas, qu'il ne fait pas vraiment froid, que le cinéma je n'y vais pas, et que je ne fais pas de cadeaux aux enfants, non mais et puis quoi encore...Donc les bonnes résolutions, je m'y suis attelé. Enfin surtout une, à savoir: "avoir enfin un putting juste potable". Vous me connaissez, le putting et moi, c'est spectaculaire. Une balle en équilibre au bord d'un trou, je suis capable de ne pas la rentrer. J'ai pourtant lu, beaucoup, j'ai regardé, j'ai théorisé. Et jusqu'à présent je n'ai jamais appliqué tout ce que j'ai pu apprendre. Ça serait trop facile, sinon. Bien au contraire, à chaque frappe, je plongeais dans l'improvisation et l'inconnu, en me fiant exclusivement à un instinct dont je connaissais pourtant l'inexactitude.

Pas complètement opposé à un certain degré de masochisme, j'ai d'abord établi d'où je partais. Je suis allé un jour sur le putting green, armé d'une caméra, et je me suis filmé à l'œuvre. Pour coller à la réalité, chaque putt avait un enjeu, de nature confisière (je suis gourmand). Masochiste peut-être, mais pas sadique, je vous épargnerai ces images. J'ai ensuite disséqué mes exploits; le tempo, le chemin du club, le stance, la zone d'impact. Les constatations n'ont pas été le moment le plus idyllique de ces derniers mois. Je suis doté d'un tempo à géométrie variable, à transitions brutales et à tendance décélératrice. Je fais preuve d'une grande créativité dans le chemin de club tout comme dans l'utilisation des épaules bras et poignets. J'accorde beaucoup d'importance à user uniformément toute la surface du putter en répartissant les impacts sur toute la largeur. Enfin, en proie à des remords récurrents, je suis adepte du coup de poignet rectificateur à l'instant crucial de l'impact.

Et donc j'ai entrepris, une fois le devis effectué et le bon pour travaux signé, ce chantier sisyphien (je sais ce mot n'existait pas jusqu'à cet instant, mais maintenant il existe). La moquette de mon couloir fut chaque soir de l'automne et de l'hiver le théâtre de ma rééducation. Travail sur la posture et la position de la balle, pour être en équilibre, les épaules et bras libres et pouvant bouger avec les bons muscles. Ce ne fut pas si simple, car les ajustements demandaient des corrections sur le putter lui aussi, en lie et en longueur de shaft. En plus de cette étape, j'ai du attaquer la régularité du chemin du club. Et là, il n'y a pas de mystère; on trace des repères au sol, on installe des portillons à franchir, et coup  après coup on s'attache à survoler exactement les points de couleur, à ne pas heurter les portillons de tees renversés. Il faut le répéter des dizaines, des centaines, des milliers de fois. 100 à 200 putts chaque soir, tous les soirs, pendant quatre mois. Mais ce n'est pas encore suffisant.

Le chantier devient infernal au moment où on s'attaque au tempo et à l'impact. Un métronome parfois pour assoir le rythme, des exercices pour arrêter de décélérer, pour pousser et accompagner la balle. Et enfin, centrer les impacts. Toujours toucher la balle avec le même millimètre carré de la face du club, le seul qui l'envoie exactement droit, sans effet. Il y a quand même des récompenses au pays d'Hercule. Les améliorations sur un point non seulement ne détruisent pas les autres mais ont plutôt tendance à avoir un effet bénéfique sur le tout. Au point que s'en m'en préoccuper vraiment, mes coups de poignet intempestifs avaient presque disparu.

Après quatre mois, qu'en reste-t-il ? J'ai un swing au putting, je ne suis plus surpris ni de la direction ni de la vitesse de la balle, et c'est moi qui décide. par contre il y a un dommage collatéral; l'alignement ne se fait plus tout seul, mes mains ne compensent plus inconsciemment. Actuellement je réapprend patiemment, jour après jour, à déterminer ma cible et à la viser. C'est aujourd'hui beaucoup mieux qu'il y a un mois, mais j'ai encore d'énormes progrès à faire. Et je peux confirmer une chose; le putting, c'est de la technique. Ce qui vous disent que le putting ne s'apprend pas vous mentent.


mardi 22 mars 2011

Comme Vijay Singh, mais en beaucoup plus mal

A chaque jour ses inepties. Ce soir, ce sont mes pitoyables entrainements qu'il s'agit de scruter, et dont il est autorisé de rire, à défaut d'en pleurer. Car je dois le confesser, mes irréalistes ambitions me poussent à vouloir améliorer mon jeu et donc mon swing puisqu'en bon français le golf pour moi ne se résume qu'à ça. Parait-il. Le chantier est titanesque, maintes fois entamé, jamais terminé. L'objectif n'était pas unique, ce qui commence mal. Deux priorités s'affichaient devant mes yeux avides; transférer mon poids vers la cible pendant le swing, et comprimer la balle. Car j'en avais marre de pousser la baballe sans grand résultat, moi aussi je voulais finir mon geste dans la posture du matador qui vient de planter ses banderilles, moi aussi je voulais que des missiles jaillissent dans le vrombissement révélateur d'un spin phénoménal.

Comme j'aime la difficulté, j'ai choisi le meilleur moment pour initier cette révolution; les mauvais jours froids et humides qui voient mon pro se rendre beaucoup moins disponible pour les fadas qui croient savoir ce qu'il faut faire mais sont incapables de commencer à exécuter ce qu'ils ont en tête. Alors j'ai tapé des balles tout seul. Grâce à d'habiles et subtils ajustements j'ai vu mes longueurs chuter et mes trajectoires devenir comiques. J'ai pu confirmer que ni le backswing en enroulement autour du torse, ni l'overswing majeur ne sont propices à un geste élégant. Ni efficace. Et encore moins les deux. Comme je suis mentalement usé et que mes instants de lucidité s'espacent dramatiquement, j'ai décidé de m'entrainer avec des clubs d'homme, à savoir mes lames. Sinon c'est trop facile. La seule chose qu'on ne peut me reprocher c'est la fainéantise; près de 5000 balles en 3 mois c'est honnête pour un tâcheron de mon espèce.

Le résultat de tout ça... peu brillant je le crains. Le mois de février a vu le début d'un retour à plus d'orthodoxie sous la houlette retrouvée de mon pro. Curieusement, il parait qu'il y aurait du bon, et que je transfèrerais enfin mon poids dans un sens plus acceptable. Je veux y croire de toutes mes forces car mes balles n'ont pas l'air au courant de mes progrès supposés. Le plus drôle est que mon gourou croit fermement que je saurais, la belle saison venue, compresser mes balles avec puissance et grâce. A tout hasard j'allume des cierges ici ou là.

Mais j'ai quand même fait quelque chose d'utile, j'ai commencé à apprendre à putter. Non, ne riez pas, je ne savais pas putter jusqu'à cet hiver. Comme la majorité des amateurs d'ailleurs, et peut-être même vous. J'avais été contaminé par un des plus ineptes des lieux communs: "le putting c'est personnel, ça ne s'apprend pas vraiment". Si vous croyez encore à ça, n'espérez pas un jour enquiller des ficelles autrement que par un concours de circonstance. Le putting ça s'apprend, ça a des fondamentaux, des incontournables, l'improvisation n'a sa place que lorsqu'elle respecte des bases tout comme la tragédie classique respecte les trois unités. J'ai travaillé le tempo, j'ai travaillé le chemin du club, j'ai travaillé le centrage de la balle, j'ai travaillé l'orientation de la face, j'ai travaillé le finish. les cinq piliers non pas de la foi, mais du putting maitrisé. Celui qui vous permet de savoir que la balle va suivre avec précision la ligne que vous visez. Et cette histoire, c'est pour demain...

lundi 21 mars 2011

Tapotage de balle

Et c'est parti pour le résumé. 

J'en étais à la fin septembre, et la dernière compétition avec mon ami Stewart. J'ai eu de ses nouvelles depuis, il a beaucoup fréquenté les chirurgiens. Il repose à peine le pied par terre, mais il a retrouvé un genou qui plie, et mieux même, il a encore des muscles pour le commander. Il se donne quelques mois de rééducation pour retrouver force et souplesse, et me corriger. C'est une correction que j'espère avec ardeur, d'autant que nous serons nombreux à la subir (dont une ou deux célébrités).
 
Le mois d'octobre fut calme, avec quelques épreuves en équipe et un swing baladeur qui subissait l'absence cruelle du contrôle avisé de mon pro. D'expérimentations hasardeuses en essais fantaisistes, j'avais réussi à perdre nombre de mes repères. L'idéal en sorte pour préparer des rencontres forumesques.

La première fut l'occasion de retrouvailles avec un ami très cher, golfeur obsessionnel tout autant que moi, et blogueur talentueux. Il s'était offert de me faire découvrir le Golf National, que je ne connaissais jusque là que par médias interposés, même si j'avais l'impression de l'avoir déjà joué à force de l'avoir vu. De cette journée je garde un souvenir vivace. Des bons moments, et il y en eut avec un GIR et un par en entrée, juste le temps de pouvoir affirmer sans mentir que: "le National, je le joue scratch". Et ces bons moments continuèrent, puisqu'un deuxième par me récompensait au 6. Je réussissais même à faire illusion jusqu'au 13, qui vit mes chimères s'évaporer. Une balle qui disparait alors que j'aurais du la retrouver sans peine, ce petit sentiment d'injustice passager a suffi à déséquilibrer le fragile édifice de mon mental, déjà atteint par les attentes, les roughs sans concessions pour mes égarements et l'absence de trou reposant. Je ratais au 14 l'occasion de ressouder mon armure, j'étais donc mûr pour me vautrer sur le final. Au 15, après une honnête entame je sacrifiais à l'eau par une bonne gratte révélatrice de mon manque d'assurance, le 16 me vit balbutier sur une occasion facile, et le 17 concrétisa la perte de mes moyens. Quant au 18, ce ne fut qu'un sauvetage. Mais ce n'était somme toute qu'accessoire, j'étais venu pour découvrir ce terrain de jeu, et partager des heures précieuses avec un complice.

Or ce déplacement loin de mes terres natales ne se résuma pas à arpenter un links, espace somme toute assez typique de mes contrées d'origine. J'avais aussi rendez-vous avec une bande de furieux, de ceux qui essaient de vous faire croire que le golf ne les intéresse pas beaucoup plus que cela alors qu'en vérité ils ne vivent que pour arpenter encore une fois de plus un parcours. Nous nous rejoignîmes chez les chèvres, surnom tout personnel du golf de Marivaux. Car choisir le tombant d'un plateau pour dessiner un parcours, quand à perte de vue s'étendent des plaines, c'est avoir un coté chèvre. Ce parcours boisé laboure la pente abrupte en tous sens, de montées infernales en points de vue vertigineux. Je le jouais trois fois en trois jours, sans exploits. Si je n'avais été en si bonne compagnie, je dirais que je l'ai joué deux fois de trop. Quelques coups me restent en mémoire, mais beaucoup se sont dissipés dans les limbes de souvenirs incertains. Finalement l'essentiel de ces trois jours fut les rencontres, beaucoup plus que le jeu.

Mes clubs humèrent une dernière fois l'odeur de la poudre pour célébrer les expérimentations annuelles d'une bande de chimistes du nord de Lyon qui jouent avec du sucre dans du jus de raisin pas mûr. Nous nous attaquions au parcours cornouaillais en scramble, avec une équipe redoutable sur le papier; trois handicaps largement sous les 10, et moi pour amener des coups rendus. Mais de joueurs capables d'honorer notre contrat, nous n'étions que deux. Qu'à cela ne tienne, nous avons bataillé ferme, et ramené une carte sans bogey. Un -8 pas si désagréable ma foi, qui nous offrit la victoire en brut. Les lots gagnés  à l'occasion furent redistribués en hommage à d'importants gourous de l'internet golfique. Après cette journée, le parcours se fermait pour moi, il était temps de refaire des gammes plus sérieusement. Et nous verrons ça demain...

dimanche 20 mars 2011

Veuillez accepter toutes mes excuses

Oui, toutes mes excuses pour ce silence prolongé. Du moins parce que ma vanité naturelle me fait croire qu'un ou l'autre des lecteurs de ce blog a pu regretter mon inactivité. Disons-le tout de suite, je suis responsable, je n'ai pas d'excuses valables. L'arrivée de l'automne a vu se tarir ma logorrhée, ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, mais la décrue a tourné à la panne sèche. A plusieurs reprises je me suis installé devant l'écran, le clavier calé, le café fumant à portée de main. Et rien. Pas une idée, pas une ligne. Ou plutôt des suites de lieux communs ennuyeux, sans motifs, sans but.

Pourtant golf il y a eu, et des aventures passionnantes. Des voyages en des contrées inavouables, des expérimentations improbables, des théorisations fumeuses, tout y est passé. Demain je vous raconte le début...