Puisque le temps se prête plus aux lectures au coin du feu
qu’aux reconnaissances de parcours, et que les fêtes approchent, il est grand
temps de se pencher une fois de plus sur les ouvrages de golf. Il est une
catégorie qui naturellement attire mon œil, c’est «la méthode
miracle». Quoi donc? Vous savez ces livres qui parlent de miracles
à venir, de progrès spectaculaires, de secrets enfin révélés. La production de
méthodes miracles n’est pas l’apanage du golf, mais ce sport est certainement
un des plus grands inspirateurs de ce genre d’opuscules. Le swing s’y prête
tout particulièrement avec son enchainement d’actions musculaires inhabituelles
et en dehors des logiques les plus
profondes de l’humain.
Mais revenons à nos moutons, ou plus exactement à nos
méthodes. On les reconnaît dès la prise en main; l’ouvrage est souvent
peu épais, d’une maison d’édition peu connue, et le titre très ronflant dans la
plupart des cas, associant termes majestueux et promesses grandioses. Ouvrons
le livre: les premières pages permettent le plus souvent de comprendre
que l’auteur est très majoritairement un enseignant de golf, qui enseigne
depuis de nombreuses années avec succès. Et ce sont ces succès mêmes qui l’ont
incité à prendre sa plume. Et là commencent les malheurs. Comment transcrire
pour le lecteur inconnu les judicieux conseils qu’il est si facile de donner à
l’élève en face de soi au practice? La tentation terrible de la méthode
arrive alors. Cette méthode qui permettrait de systématiser un enseignement,
identique et adoptable pour tous. En fait, et la grande majorité des auteurs le
savent au fond d’eux, une telle méthode n’existe pas. Chaque élève nécessite
une approche individuelle, adaptée à ses capacités physiques et son
appréhension du mouvement. Mais écrire ça est impossible, il faut donc trouver
«sa» méthode.
Après une intense réflexion, et souvent une mise en pratique
sur ses élèves, le pro réussit à définir quelques constantes de son
enseignement, qu’il s’efforce de systématiser dans sa méthode. Mais les ennuis
ne sont pas finis. Tout d’abord, sa méthode tient en quelques phrases : un
peu court pour un ouvrage. Il va falloir donc délayer, faire des schémas,
trouver des exemples, enfin arriver aux 200 pages conseillées. Et ça ne suffit
pas, il faut maintenant rédiger, et ce n’est pas simple quand on n’est pas un
littéraire naturel. Finalement l’ouvrage est fini et rencontre le lecteur, en
l’occurrence moi. Ne riez pas, mais à chaque fois j’essaie de donner sa chance
au produit comme on dit dans le commerce. Et on ne sait jamais, sur un
malentendu, il est peut-être possible que les fameux secrets et méthodes me
correspondent par hasard, parfaitement.
Et bien non. Jamais à ce jour je n’ai eu de révélation. J’y
ai découvert soit une description d’un enseignement très classique (et mille
fois décrit auparavant), soit de l’originalité propice à réjouir les
contorsionnistes et les kinésithérapeutes. Une fois déchiffré le texte, et
parfois cela représente l’essentiel de travail de l’ouvrage, vient le moment de
comprendre en profondeur la pensée de l’auteur. La déception est, il faut le
reconnaître, presque toujours au rendez-vous. De secret, je n’en n’ai jamais
découvert. De méthode structurée et solide, pas franchement non plus. Et enfin
se pose la question de l’accessibilité du propos. Bien que le débutant soit
officiellement le lecteur privilégié, le plus souvent les exercices préconisés
comme les explications théoriques demandent une connaissance profonde du golf
et du swing pour être assimilés efficacement.
Il ne s’agit pourtant pas d’escroquerie, loin de là!
La très grande majorité des auteurs est très sincère dans ses convictions et persuadé
de la valeur de son livre. Bien sûr, on retrouve ici ou là un gentil filou qui
s’est contenté de reprendre des extraits de la prose de ses confrères plus
âgés. Mais voila, le don pour la littérature n’est pas forcément associé aux
compétences pédagogiques et ces compétences, par essence reflet de l’adaptation
de l’enseignant à son élève, refusent avec énergie de se laisser cloisonner
dans un système figé.
Pour aujourd’hui je ne citerai pas d’ouvrages parce qu’il
existe certainement dans la population des golfeurs quelques individus qui
seront statistiquement compatibles avec ces livres. Mais j’ai plusieurs noms en
tête…
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