dimanche 29 novembre 2009

Croyez en moi et vous serez guéris...

Puisque le temps se prête plus aux lectures au coin du feu qu’aux reconnaissances de parcours, et que les fêtes approchent, il est grand temps de se pencher une fois de plus sur les ouvrages de golf. Il est une catégorie qui naturellement attire mon œil, c’est «la méthode miracle». Quoi donc? Vous savez ces livres qui parlent de miracles à venir, de progrès spectaculaires, de secrets enfin révélés. La production de méthodes miracles n’est pas l’apanage du golf, mais ce sport est certainement un des plus grands inspirateurs de ce genre d’opuscules. Le swing s’y prête tout particulièrement avec son enchainement d’actions musculaires inhabituelles et en dehors des logiques les plus profondes de l’humain.

Mais revenons à nos moutons, ou plus exactement à nos méthodes. On les reconnaît dès la prise en main; l’ouvrage est souvent peu épais, d’une maison d’édition peu connue, et le titre très ronflant dans la plupart des cas, associant termes majestueux et promesses grandioses. Ouvrons le livre: les premières pages permettent le plus souvent de comprendre que l’auteur est très majoritairement un enseignant de golf, qui enseigne depuis de nombreuses années avec succès. Et ce sont ces succès mêmes qui l’ont incité à prendre sa plume. Et là commencent les malheurs. Comment transcrire pour le lecteur inconnu les judicieux conseils qu’il est si facile de donner à l’élève en face de soi au practice? La tentation terrible de la méthode arrive alors. Cette méthode qui permettrait de systématiser un enseignement, identique et adoptable pour tous. En fait, et la grande majorité des auteurs le savent au fond d’eux, une telle méthode n’existe pas. Chaque élève nécessite une approche individuelle, adaptée à ses capacités physiques et son appréhension du mouvement. Mais écrire ça est impossible, il faut donc trouver «sa» méthode.

Après une intense réflexion, et souvent une mise en pratique sur ses élèves, le pro réussit à définir quelques constantes de son enseignement, qu’il s’efforce de systématiser dans sa méthode. Mais les ennuis ne sont pas finis. Tout d’abord, sa méthode tient en quelques phrases : un peu court pour un ouvrage. Il va falloir donc délayer, faire des schémas, trouver des exemples, enfin arriver aux 200 pages conseillées. Et ça ne suffit pas, il faut maintenant rédiger, et ce n’est pas simple quand on n’est pas un littéraire naturel. Finalement l’ouvrage est fini et rencontre le lecteur, en l’occurrence moi. Ne riez pas, mais à chaque fois j’essaie de donner sa chance au produit comme on dit dans le commerce. Et on ne sait jamais, sur un malentendu, il est peut-être possible que les fameux secrets et méthodes me correspondent par hasard, parfaitement.

Et bien non. Jamais à ce jour je n’ai eu de révélation. J’y ai découvert soit une description d’un enseignement très classique (et mille fois décrit auparavant), soit de l’originalité propice à réjouir les contorsionnistes et les kinésithérapeutes. Une fois déchiffré le texte, et parfois cela représente l’essentiel de travail de l’ouvrage, vient le moment de comprendre en profondeur la pensée de l’auteur. La déception est, il faut le reconnaître, presque toujours au rendez-vous. De secret, je n’en n’ai jamais découvert. De méthode structurée et solide, pas franchement non plus. Et enfin se pose la question de l’accessibilité du propos. Bien que le débutant soit officiellement le lecteur privilégié, le plus souvent les exercices préconisés comme les explications théoriques demandent une connaissance profonde du golf et du swing pour être assimilés efficacement.

Il ne s’agit pourtant pas d’escroquerie, loin de là! La très grande majorité des auteurs est très sincère dans ses convictions et persuadé de la valeur de son livre. Bien sûr, on retrouve ici ou là un gentil filou qui s’est contenté de reprendre des extraits de la prose de ses confrères plus âgés. Mais voila, le don pour la littérature n’est pas forcément associé aux compétences pédagogiques et ces compétences, par essence reflet de l’adaptation de l’enseignant à son élève, refusent avec énergie de se laisser cloisonner dans un système figé.

Pour aujourd’hui je ne citerai pas d’ouvrages parce qu’il existe certainement dans la population des golfeurs quelques individus qui seront statistiquement compatibles avec ces livres. Mais j’ai plusieurs noms en tête…

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