samedi 5 septembre 2009

Tu débuteras dans la douleur, Mon Fils

Une fois inscrit, la contemplation du badge tout neuf sur le sac ne suffisait plus au bout de quelques minutes. Il suffisait d'aller au practice, me direz-vous. Oui, sauf que je me suis aperçu de deux ou trois choses; tout d'abord, mes chaussures à vrais clous n'attiraient pas forcément des regards sympathiques, surtout que le cuir accusait son âge. Pas de chance, en 20 ans les fixations avaient changé, j'étais bon pour racheter une paire neuve, elle dotée des crampons ad hoc. Passage rapide dans le pro shop, et je suis vite refroidi. Ces chaussures sont horriblement chères pour ce qu'elles sont ! Certes elles sont en cuir, mais ce n'est pas le plus beau qui existe et leur montage est basique. Comparées à des chaussures de villes, elles coutent plus de deux fois le prix auquel on s'attendrait. Bon, des chaines de magasins de sports proposent des prix nettement plus raisonnables sur des produits de qualité équivalente, tant mieux.

Avant de me rendre au practice, j'ai farfouillé sur la toile à la recherche de descriptions du swing. Il ne s'agit après tout que de me remettre en mémoire des notions que je maîtrise, non ? Bon, cela ne semble pas si compliqué, allons taper quelques balles. Par chance, je m'y suis rendu de bonne heure. Parce que je devais ressembler à un lapin sous ecstasy; arrachant le club du sol d'un coup, je l'enroulais autour de moi, et je suivais le mouvement; un mélange de lancer de poids et de baseball à y réfléchir à postériori. Puis tout aussi brutalement j'essayais de le lancer sur la balle jaune à mes pieds.

J'ai accumulé les airshots et les coups minables, et au bout d'une demie heure moins de 15 balles avaient quitté le tapis, la plus longue ayant parcouru moins de 20 mètres. Et j'étais en nage. Pourtant j'avais des souvenirs très précis d'avant, quand il m'arrivait de taper comme un sourd, la seule chose qui m'amusait d'ailleurs. Je dépassais très allègrement les 220 mètres (le dernier panneau du practice d'alors) sans difficulté. Et puis autre chose; ces clubs me semblaient lourd, difficiles, et j'avais mal partout (j'avais quand même bien tapé le sol). Évidemment, quand on lisait la petite étiquette, il y avait marqué X-stiff. Comment j'avais pu jouer ça, je n'arrive pas à l'imaginer maintenant encore. J'ai réalisé que je n'allais pas m'en sortir sans repasser par la case achats.

A ce moment, sur les forums tout le monde ne parlait que de Mizuno MX 25. Soit, si tout le monde le dit, allons-y pour ce modèle (en voilà une démarche raisonnée et scientifique, non ?). En cherchant à droite et à gauche, j'en ai dégotté une série assez bon marché outre atlantique, et par coup de chance extraordinaire, les douanes ne se sont pas manifestées pour encaisser TVA et frais. Ces nouveaux clubs entre les mains, ceux-ci dotés de shafts raisonnables, et après une étude nettement plus attentive des fondamentaux du swing sur la toile, nouvel essai au practice. Plusieurs constatations à la fin de cette séance. Des clubs plus souples sont moins difficiles à manier; essayer de swinguer fatigue; on peut se faire vraiment mal. Mais j'ai noté de grands progrès; il m'est arrivé d'envoyer des coups de fer 7 à 100 mètres, bel exploit !

Au bout de plusieurs séances solitaires au practice, j'ai décidé de voir le pro. Bon contact, avenant. Je lui signale que sa tache va être difficile, il a l'habitude. Son diagnostic a été sans appel, rien ne va, il faut repartir de zéro. Ça, je l'ai compris. Parce que le reste, ça a été le flou le plus total. Plus il parlait, moins je voyais ce qu'il essayait de me faire comprendre. J'ai cependant effectué consciencieusement les exercices proposés, pendant et après les cours. A force de taper des balles, bien sûr j'ai commencé à en toucher une, puis deux, puis quelques unes.

Après un mois stakhanoviste de frappe de balle au practice, j'ai commencé à mettre les pieds sur le parcours. Puis j'ai décidé qu'il me fallait un peu de compétition. Les résultats ont été conformes aux prévisions, je ne jouais pas mon index. 7 compétitions plus tard, j'étais remonté à 36.8, quand par miracle j'ai accroché ma première zone tampon. Je repense encore maintenant à mes pauvres partenaires d'alors, quand mon putter ne sortait qu'un trou sur deux à force de croix précoces. Puis en septembre 2008, j'ai accroché mes premières ZT, et même mon premier 36 stableford. J'avais enfin rejoint mon index, après 66 seaux de balles, 8 cours, 10 compétitions et un mois et demi de labeur effréné.

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