lundi 31 mai 2010

Dans les terres du nord

Encore une semaine très riche en péripéties ; la deuxième manche du championnat du Finistère par équipes, et la compétition sponsorisée par mon partenaire de double. Mon coté obsessionnel ne pouvait accepter de participer à ces évènements sans préparation intensive, mais mon coté brouillon m’a fait tout précipiter à la dernière minute.

Auparavant, j’ai eu le plaisir de jouer avec Gérald, membre d’un forum bien connu qui venait visiter le plus beau pays du monde, pays que je désigne tout simplement par «chez moi». Les jours précédents la météo n’a cessé de nous faire craindre le pire, au jour dit un soleil bien présent nous a accompagnés. Nous avons pu parcourir les 18 trous du parcours, profiter du chant des oiseaux, admirer les horizons maritimes et bien sûr multiplier des exploits golfiques dont nous tairons l’ampleur, car nous ne sommes pas vantards et que la modestie est notre principale vertu. Comme en plus le seul énoncé de ces exploit ne pourrait que vous conduire à la mélancolie, je n’en dirai pas plus. Gérald n’en n’est pas encore persuadé, mais d’ici peu il sera un très bon golfeur. Il a des bases d’une solidité rare, il ne lui manque que quelques ajustements pour faire éclater son potentiel.

J’ai aussi fait prendre l’air à mes nouveaux putters et leur ai donné à sentir les greens. Eux aussi ont un avenir, et croyez le ou non, ils sont agréables à utiliser. Mais soyons honnêtes, leur principale fonction est d’attirer l’œil, et ils remplissent parfaitement cet office. Ils se permettent en plus de poser complaisamment devant les objectifs, comme ici.

Mais trêve de bavardages oiseux, il a fallu préparer ce championnat. Le deuxième tour se déroulait au golf de Carantec, dans les terres du nord. Il s’agit d’un neuf trous, dessiné au dessus d’une des plages de Carantec. Pas de trous longs, des par 4 en dessous de 300 mètres pour la plupart, mais de petits greens surélevés et tortueux protégés par de nombreux bunkers. Le trou signature est un par 3 de 190 mètres en très forte descente, le départ est 40 mètres au dessus du green et permet d’admirer toute la baie. Le green est ridiculement petit vu d’en haut, cerné de bunkers, et bordé de hors limites. Dès le premier regard, il a reçu le surnom affectueux de « trou à la con ». Comme de bien entendu, sur les nombreuses photos réalisées lors de la reconnaissance, il n’y en n’a aucune de ce trou.


Parlons un peu de cette reconnaissance ; effectuée en matinée, elle m’a permis de pressentir la fourberie des greens. Le soleil en les séchant les rend de plus en plus rapides, durs, difficiles à jouer, révèle leurs pentes nombreuses et insoupçonnables. Par contre le driver n’est pas le club le plus utile du sac sur ce parcours, deux ou trois fois sur 18 trous tout au plus. Ma stratégie de jeu sera simple. Mon hybride 3 sur la plupart des entames, suivi d’un petit fer. Mes objectifs seront d’éviter les roughs, manifestement avaleurs de balles, et d’éviter aussi d’atteindre les greens avec un quart de wedge qui risque de traverser. Beaucoup de photos pendant cette reconnaissance, beaucoup de notes, relevage des principales pentes des greens, du moins celles que je vois. Au bout de 5 heures, je commençais à avoir une petite idée de ce qui m’attendrait le jour J.


Nettement moins réjouissant a été le cours avec mon pro. Exécuté dans la foulée de la reconnaissance, j’ai été bien incapable de produire ce qu’il attendait de moi. Pas de stabilité sur les appuis et pas de tonus dans la posture, les contacts ne pouvaient qu’être aléatoires. Une grosse demi-heure de souffrance et de frustration, et un peu d’inquiétude pour les compétitions à venir.

Vient le jour J, la compétition. Disputée sous un temps brusquement devenu venteux et humide, les conditions climatiques nous épargnaient des greens trop vifs. Le plus remarquable de la journée fut mes partenaires du jour, l’un d’eux en particulier. Le premier, 14 ans, 22 d’index, de bonnes longueurs mais encore trop irrégulier, et un mental pas encore suffisamment armé pour évacuer sereinement les coups approximatifs. C’est un membre de mon club, je vais m’occuper de lui. C’est le second qui a suscité ma curiosité la plus vive. Index 20.7, il a débuté il y a moins de 2 ans. Un peu comme moi en sorte. Sauf qu’il est beaucoup plus petit, 1 mètre 20 environ, et encore plus jeune, 8 ans. Et oui, un enfant de 8 ans index 20, c’est possible. Lui, son moral est inoxydable, et son jeu des plus solides. Il souffre pour peu de temps encore de longueurs faibles (il ne dépasse pas 145 mètres au driver), mais aucune ou presque de ses balles ne s’égare de la direction qu’il a choisi.

Nous voila au départ du 1, je me fais pour quelques secondes encore l’effet d’une nounou. Hybride au départ, et fer 8 dans la foulée, qui tombe dans le bunker de gauche. Le drapeau est juste à la sortie du sable, il faut jouer fin. Bon, il faut quand même sortir la balle (2 coups), et finir (2 putts), je débute par un double, on va dire que je n’étais pas encore dans le rythme. Pendant ce temps là Tom Pouce, grâce à ses coups d’une centaine de mètres, est arrivé sur le green en 3 mais a fait 3 putts pour un double bogey également. Mon partenaire de club m’a bien suivi, mais en sortant du bunker du premier coup il récolte un bogey, lui.

Il voudra attaquer le 2 au driver malgré mes inquiétudes, et effectivement ce n’était pas la bonne idée. Quant à moi je démarre à l’hybride, continue avec un fer 6 médiocre mais sans vrais dégâts, pose la toute petite approche à coté du mat et rentre le putt, un petit par dans la besace. Mon partenaire finit le trou comme il l’a commencé, dans la souffrance, triple bogey. Et notre minimoy préféré a joué deux bois, un fer, deux putts, le tout en ligne droite, sans se poser de questions, pour un bogey.

Je ne souhaite pas m’étendre sur le 3, par 4 ridicule de 230 mètres, dont je n’ai atteint le green qu’en 3 et qui m’a vu putter à quatre reprises. Les deux monstres ont beaucoup ri, ils n’ont aucune pitié à cet âge. Eux ont fait par et double bogey (grâce à un détour par un HL au départ). Je n’ai même pas pu me venger sur le 4, petit par 3 de 91 mètres. J’ai bien fait un par facile, un petit pitching wedge et deux putts, mais le plus petit des deux à sorti un birdie de nulle part, son départ un peu raté ayant roulé jusqu’au green et s’immobilisant à 30 cm du trou. Mon partenaire de club continuait de souffrir avec un triple bogey.

Les deux trous suivants, un par 4 et un par 5 sans difficultés, se sont soldés par deux pars pour moi en jouant à chaque fois approche-putt. Mes partenaires jouaient eux par–bogey et bogey-bogey. Sur le 7, j’ai réussi à ne pas toucher le plus grand green du parcours avec un fer 8 en entame, et finir par un bogey. Eux jouaient par-bogey.

Enfin, « le trou à la con ». Fidèle à une stratégie prudente, j’entame au fer 7. Qui part un peu en cloche et trouve un des bunkers de green. Les deux zigottos jouent pour l’un un fer 5 qui finit sur le green, pour l’autre son driver qui pitche lui le green. Il va sans dire que de respect dû aux ainés il n’était pas question. Je me suis vengé en collant ma sortie de bunker au mat et en réalisant un par, quand le modèle réduit tournait autour du trou à coups de putters (double bogey), et que mon partenaire de club ramenait lui aussi un par. J’ai mal joué le 9, double bogey à cause d’une mauvaise approche et de mauvais putts, eux réalisent chacun le par.

Et les comptes à mi-parcours sont ceux-ci ; mon partenaire de club a joué +12, je ramène +8, et notre mascotte est à +4. En brut. A vous dégouter du golf. Mais l’adulte a un avantage sur l’enfant, il est plus endurant. Nous sommes donc repartis pour le deuxième tour. Je réalise trois pars et 6 bogeys sur ce second tour, je finis en +14. Mon partenaire s’est bien repris, il joue le retour en +8 pour un total de +20. Quant à notre poussin, il a montré des signes de fatigue et ramène +11, ce qui lui fait un total de +15. Je réussis donc de justesse, par un tout petit point, à maintenir la supériorité de l’adulte responsable sur l’enfant inconscient.

Mais je ne me fais aucune illusion. Cet enfant, l’année prochaine, me mettra une volée. Et je ne pourrai rien faire.

Bon, le lendemain, retour à Cornouaille pour la compétition organisée par mon partenaire de double, je suis invité officiel du sponsor. Je profite de l'occasion pour étrenner un de mes wood putters en compétition, le maillet. Il a à ma grande satisfaction bien rempli son office, avec 33 putts. Pour le reste c’était une journée sans, les balles refusaient de sortir des clubs. Pas de distances, pas de sensations. J’ai dû attendre le 13e trou pour faire mon premier par. Je réalise 3 pars, 8 bogeys, 6 doubles et un quadruple (HL puis balle dans l’eau), je joue donc 95 ce qui est beaucoup. Il est possible qu’inconsciemment je n’aie pas voulu faire de performance car mon index n’était pas à jour. Et effectivement, j’ai accroché la zone tampon, avec l’ancien comme avec le nouvel index. Et je n’ai pas eu de lot, bien entendu. En parlant d’index, je suis maintenant à 18.8. Et j'ai décidé de m'habituer à compter en strocke.

2 commentaires:

  1. Ah!

    On va passer aux choses sérieuses maintenant...

    Fin des triple bogeys!

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  2. Bonjour,
    je découvre avec plaisir tes récits "divagatoire" et m'étonne à nouveau de recevoir des éloges!
    C'est beaucoup trop d'honneur que vous me faîtes cher ami.

    Je retourne de ce pas me délecter de tes élucubrations :)
    à très bientôt.
    Gérald.

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