mardi 25 mai 2010

La cour des grands

Quelques nouvelles de la semaine écoulée ; j’ai du subir les foudres de mon pro au lendemain de ma dernière compétition. Bien évidemment, il n’a retenu de mon score que les triples et les quadruples, balayant le reste d’un « jeu normal ». Après de longues négociations nous en sommes arrivés à convenir qu’un des triples pouvait être excusable, mais j’ai du céder sur le reste. Vous devinez la suite, retour à la mine, scalpage de gazon et seaux de practice ont suivi. J’ai bien réussi à jouer discrètement quelques trous le jeudi (pas très bien), mais l’essentiel du travail a quand même été consacré à ce foutu swing. 

C’est alors que j’ai appris que j’avais une wild card pour le critérium. Ce qui était idiot puisque je venais d’accepter des engagements professionnels le samedi matin. La mort dans l’âme, je l’ai déclinée. On ne fait pas toujours tout ce qu’on veut dans la vie. Mais ça ne m’a pas empêché d’aller caddeyer mon partenaire de double. Enfin, caddeyer est un bien grand mot, puisque je n’ai pu le rejoindre qu’au 5. Son index n’étant pas tellement plus reluisant que le mien, il partait dans l’antépénultième équipe, avec un autre membre du club et un joueur de Brest, golfeur très récent (moins de deux ans d’ancienneté) mais solide cogneur. Cette partie n’a pas été des plus sérieuses, il faut l’avouer. 

J’ai d’abord couvert par un silence complice un énorme scandale, mon joueur avait 15 clubs dans son sac. Et pourtant il lui manquait le plus indispensable ce jour-là, une épuisette. Nos deux compères cornouaillais ont ramené chacun leur bourriche, fermée chacune avant le 18, ce qui est une belle performance. Pour ceux qui ne seraient pas au fait des subtilités langagières forestoises, une bourriche c’est un score au dessus de 100. Dire que j’ai vu de beaux coups de golf ne serait même plus un mensonge, plutôt un symptôme définitif d’une cécité totale. Si mes joueurs ont perdu quelques balles, j’en ai pour ma part trouvé un bon nombre, il faut dire que nous avons passé pas mal de temps dans les roughs et fossés du parcours. Notre ami brestois, lui, n’a pas réussi à dépasser les 100 par son obstination à jouer sur les fairways. Evidemment mon joueur s’est parfois plaint du club que je lui tendais, même si je pense qu’aucun club de son sac ne lui convenait à certains moments. Toujours est-il que nous avons beaucoup ri et nous avons pris des couleurs. 

Le plus drôle fut de s’apercevoir une fois rentré au club-house qu’aucun d’entre eux n’était dernier. Les score du critérium ce premier jour ont été lamentables, 13 joueurs seulement sous les 90, et 11 au dessus des 100. La raison n’est pas évidente. Les départs n’étaient pas très reculés, les roughs certes un peu plus hauts que d’habitude mais il restait très possible d’en sortir les balles, et enfin les greens tenaient correctement la ligne. Le stress du strocke play a du être déterminant. Enfin, mon joueur a été contraint de me verser de faramineux émoluments, augmentés d’une prime substantielle pour mon silence complice quant au nombre de clubs.

Le lendemain matin, il fallait être un peu plus sérieux, j’étais commissaire. Un titre ronflant pour le clampin chargé de repérer le point de chute de drives errants, et contrôler que les seconds n’assassinent pas les premiers à coup de proV1. Travail en théorie facile, ce sont de bons joueurs et leurs drives sont sur la piste à ce que je croyais. Et non. Même les plus bas index m’ont fait courir de droite et de gauche, à planter des petits drapeaux au point de chute des balles dans les buissons, les roughs, les arbustes, et à faire retaper des balles pour celles qui étaient à l’évidence hors limites. Seriez vous surpris de savoir que je n’ai pas du voir plus de 10 jolis drives sur l’ensemble des joueurs du grand prix et du critérium ?

Mon partenaire, qu’enfin j’avais laissé tranquille, a redressé la barre en ramenant un score plus conforme à ses possibilités. Et en plus il avait le bon nombre de clubs. Son classement final n’est pas déshonorant, je crois que je vais continuer à lui adresser la parole. 

En tout cas c’est sûr, l’année prochaine je le joue, moi aussi j’ai envie d’une bourriche. 

PS : il apparaît que mon partenaire de double (celui dont il est question plus haut) aurait découvert l’existence de ce blog. Il va donc de soi que je déments formellement ce qui a été écrit précédemment. La vérité est qu’il joue en permanence comme un dieu et que le monde entier est à ses genoux pour connaître les secrets de son swing.

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