vendredi 7 mai 2010

Un autre monde...


Bien que nous jouions au golf comme des savates pour l’immense majorité d’entre nous, nous n’hésitons pas à faire des commentaires les plus savants sur les tournois télévisés, et ce que nous voyons est en effet spectaculaire. Des parcours manucurés, une organisation sans faille, des caddies aux petits soins, des clubs étincelants dans des sacs gargantuesques, enfin des golfeurs au brushing impeccable. Nous entendons parler de gains fabuleux, nous voyons des spectateurs par milliers qui se pressent au bord des fairways. Mais est-ce la loi commune de ce sport professionnel, ou est-ce une exception ? 

Pour avoir la réponse, je vous invite à faire comme moi, aller assister à un tournoi professionnel « en vrai ». Pour la deuxième année, j’ai assisté à l’Open de Côtes d’Armor Bretagne, à Pléneuf Val André. C’est un tournoi de bon niveau, puisqu’il fait partie du Challenge Tour. 150 000 € de gains, 156 joueurs au départ. Pour ceux qui hésiteraient, n’ayez aucune crainte, c’est le plus souvent gratuit, et comme les spectateurs ne sont pas très nombreux les premiers jours, ils sont choyés. Hier donc j’étais à Pléneuf. Cela commençait bien, avec une petite navette qui vous amenait du parking à l’entrée du club, où l’on vous offrait le café (il ne faisait pas si chaud au matin). Le temps promettait beaucoup, la brume matinale était destinée à se dissiper vite et à laisser place à un temps ensoleillé, peut-être venteux. 

Des spectateurs, nous n’étions pas des milliers, je dirais plutôt 150 au grand maximum, en comptant les familles et proches des joueurs. Parlons un peu de ces joueurs. Ils ont tous une qualité de frappe de balle à des années lumière de ce que nous voyons dans nos clubs, ils ont des capacités incomparables même face à ce qu’on peut voir en grand prix. Et pourtant ils ne croulent pas sous les sponsors. C’est plutôt l’inverse. Pour les caddies, c’est simple il n’y en a que très peu, et ils semblent pour la plupart être des copains de joueurs venus donner un coup de main plutôt que des professionnels. L’étape de Pléneuf est très appréciée car les membres du club hébergent (et nourrissent) la majorité des joueurs, c’est autant de dépenses épargnées. Enfin, les sacs. Ils n’ont rien à voir avec ceux que nous utilisons. Les nôtres sont beaucoup plus beaux et riches que les leurs. Ils ont pour l’essentiel des sacs portables, légers et souvent défraichis. Parce qu’ils le portent le plus souvent eux-mêmes, et que tout poids superflu se paye en avion. Et les clubs me direz-vous. Et bien… ils jouent avec de moins beaux clubs que nombre d’entre nous. Presque aucun n’a de contrat avec une marque, très peu même ont des clubs sur mesures. 

Mais parlons un peu de jeu. Le parcours de Pléneuf est un links, en bord de falaise (et contre la mer, bien sûr). Une de ses particularités est l’enchainement des trous 10 11 et 12. Le 10 est un par 4 en descente assez forte de 289 mètres mais facilement drivable, le 11 est un trou spectaculaire. Le départ est au sommet de la falaise, en direction du fairway situé 50 mètres plus bas. Pour un pro, ce par 5 de 478 mètres se joue driver puis fer 8. Enfin le 12 remonte toute cette dénivelée perdue. Le parcours dans son ensemble est court, 5890 mètres pour un par 70. Les pros n’y utilisent que peu leur driver. Les fairways sont tondus ras, sur du sable, rebondissent gentiment. Les roughs sont intacts, agrémentés de massifs de genêts. Les greens roulent modérément mais sont très vallonnés. Pas d’eau en jeu, juste quelques fossés, à sec. 

Quand on va assister à un tournoi professionnel, on a soit la possibilité de se poster à un endroit remarquable pour admirer les performances d’un grand nombre de concurrents, soit suivre une (ou plusieurs) partie. Comme je voulais aussi profiter de cette journée pour reconnaître le parcours, j’ai choisi cette dernière option. Mon choix s’est porté sur un camp de trois britanniques ; Zane Scotland, ancien du tour Européen (et accessoirement descendant de la plus vieille noblesse), Thomas Haylock, jeune arrivé sur le Challenge Tour, et Steve Lewton, qui avait fini 13e au Madeira Open. Ce choix n’était pas du au hasard. Seul spectateur de cette partie, j’ai pu profiter à chaque fois des meilleurs points de vue, et voir comment se gérait un parcours. Comment Scotland, à vouloir forcer son jeu, a amassé des bogeys en début de partie, qu’il a su en fin de journée annuler en posant mieux ses coups. Comment Haylock, systématiquement plus court que ses partenaires, a résisté un temps à la volonté de compenser ses distances, mais a craqué sur la fin. Et comment Lewton a parfaitement maitrisé son jeu pendant 14 trous pour faire un top de débutant au départ du 15, le trou le plus facile, et envoyer sa balle HL. Il a perdu à ce moment l’occasion de finir en tête de la journée. 

Le jeu de ces pros ne ressemble pas au notre. Leur driver ne sert pas beaucoup, leurs longs fers ne souffrent d’aucune approximation, et en dessous de 150 mètres ils visent exclusivement le drapeau (et l’atteignent). Lewton par exemple a fait l’essentiel de ses départs au fer 3, modulant la hauteur de la balle en fonction du sens du vent. Ils ont assez peu de longs putts grâce à leurs approches millimétrées. Pour ce qui est des recoverys, ils en ont comme nous. Mais là où une balle nous semble injouable, ils arrivent à la sortir comme si de rien n’était, en direction du drapeau, et souvent sans perdre de coup.

2 commentaires:

  1. c'est une expérience à vivre, j'ai eu cette chance en suivant sur plusieurs trous un pro peu connu sur l'Open de France et j'y retournerai avec plaisir...

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  2. Expérience vécue sur ce même parcours, du temps où MLV était sur le point de passer Pro. Nous l'avons suivi, le 3ème jour, et assisté en live à un brisage de putter par le sus-nommé. Au 15. Après il puttait avec son SW!

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