samedi 10 avril 2010

Quand les esprits s'échauffent

Demain commencent mes travaux d'Hercule, mais en version plus. En effet, demain commence ma quête des 22 points stableford. Expliquons ce qui est un peu abscons à la première lecture. Un homme musclé et pervers, qui dissimule sa nature maléfique sous les habits insignifiants d'un professeur de golf, m'a imposé une épreuve cruelle. Cette épreuve c'est d'être contraint de jouer des boules blanches au plus vite, avant l'été de préférence. Or pour accomplir la voie de la descente, je devrais d'une manière ou d'une autre réaliser 22 points stableford en plus des 36 standards. Je peux au choix (façon de parler, bien sûr) réaliser en une fois un score de 58 points, ou plus sagement viser 8 résultats de 39 points. Pour être tout à fait honnête et réaliste, je ne suis même pas sûr de pouvoir réussir la deuxième option.

Donc, demain c'est la première compétition pour l'index de l'année. Par une chance réelle, ou plus exactement grâce à un juste calcul de l'évolution météorologique locale, cela coïncide avec les premiers beaux jours, le reverdissement des fairways et des greens, l'air plus chaud et plus sec. Bref, enfin les balles volent puis rebondissent sur le sol. Donc aujourd'hui c'était entrainement. Plus exactement, c'était révision des bases du swing qui avaient décidé de m'abandonner hier. Pour corser le tout, je me trouvais sans mes clubs habituels, j'ai donc du ressortir mes clubs de secours.

Mais secours est en la circonstance un bien grand mot. Plus exactement ces clubs que je définirais d'alternatifs sont regroupables en deux catégories. Celle des injouables parce que suprêmement intolérants et celle des injouables parce que sans âme. Cette deuxième catégorie est constituée d'une série de Callaway big bertha originaux, réalisés pour moi dans des conditions surréalistes en un temps où une jeune personne essayait vainement de m'attirer vers le golf. J'avais été à l'époque, sans m'en rendre le moins du monde compte, bénéficiaire de prestations de clubmaking alors que j'étais un débutant absolu. Depuis je traine ces clubs montés en firm, aux têtes oversize, qui ont la faculté de restituer tous les coups de manière identique et aseptisée. Efficaces pour pousser la balle, mais pas plus. Je dispose d'une autre série, des Nike pro combo qui réalisent l'exploit d'appartenir aux deux catégories. Des petites têtes théoriquement forgées, peu tolérantes, montées sur des shafts graphites bien raides pour des regular mais qui absorbent quand même les sensations. Tous les impacts donnent l'impression d'être décentrés, et seule la trajectoire permet de deviner après coup si le contact a été bon.

Et dans la première catégorie trône royalement mes Bridgestone J36 blade. Pour ceux qui ne connaitraient pas cette série, il s'agit de fers au design exclusif, pensés et conçus pour des joueurs à l'index négatif de préférence. Parler devant ces lames de répartition  périphérique des masses, d'offset ou de sweet spot élargi est un crime de lèse-majesté. Pour faire simple, tout a été pensé pour travailler la balle, tout les artifices pouvant gommer les erreurs de swing ont été méticuleusement éliminés. Je vais être honnête cependant; il ne s'agit pas des fers les plus difficiles à jouer au monde. Le titre en revient aux prédécesseurs des J36, les J33, qui s'en différencient juste par un centre de gravité situé  encore plus au dessus du centre de la face et qui restent un challenge jusque pour les meilleurs artistes du swing. Que fais-je avec cette série ? Tout simplement elle m'a tapé dans l'œil, et son exigence a fait chuter son prix de vente plus vite que ne fondent  nos bonnes résolutions diététiques devant les vitrines de Ladurée. L'occasion avait fait le larron, vous aviez deviné.

Et cet après-midi, je me suis entrainé...avec mes Bridgestone. Parce que c'étaient les clubs qui finalement me faisaient envie, ceux avec lesquels j'avais une chance de ressentir quelque chose à l'impact même si j'avais beaucoup moins de chance de voir une balle voler. Et ce fut dur. Tout d'abord parce que ces clubs ne sont pas réglés à mes gouts; shaft un poil long, swingweight bas, ils semblent plus lourds à swinguer. En plus, et vous allez rire, le fer 7 de la série n'a pas le même shaft que les autres; tous sont montés avec des PX flighted 5.0, le fer 7 est en 6.0. Jusqu'à présent, quand ces clubs avaient pour fonction essentielle de décorer un dessus de cheminée, la différence de flex ne se ressentait pas trop. Mais aujourd'hui, sur le practice, je ne peux pas dire que ça ait aidé.

J'ai donc gratté, labouré un peu même, toppé aussi parfois, pris des balles sur le talon, ou sur la pointe. Quelques unes ont été centrées. La différence entre les premières et les secondes tient à un ou deux millimètres seulement sur la face, et le résultat se mesure en plusieurs dizaines de mètres d'écart à la tombée de la balle. Il est pourtant possible de taper de bonnes balles avec ces clubs; il suffit juste d'avoir un take-away lent et progressif, en ligne, de débuter son backswing en bloc, d'armer les poignets à la seconde juste, de respecter le tempo exact, d'exécuter une transition fluide, d'accélérer ce qu'il faut, de ne pas rater le moment juste du release, de traverser la balle avec l'angle exact et enfin d'avoir un finish parfait. A cette seule condition on peut espérer voir voler une balle comme on en rêve.

De tout ça je me dis qu'il ne serait pas idiot de mettre enfin à mes mesures cette série. Parce que cette série, si elle restera probablement jusqu'à la fin de mes jours dans la première catégorie des séries injouables sur un parcours, elle pourrait peut-être, de temps à autres, trouver sa place dans mon sac le temps d'une séance de beau jeu.

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