vendredi 5 mars 2010

Le confort nuit au golf

 Je vous ai raconté il y a quelques jours mes soucis de pivot inversé. Soucis qui ne sont pas miraculeusement guéris, loin de là. J'ai pu le constater une fois de plus ce dernier dimanche quand j'ai voulu m'aérer un peu. Une bien curieuse idée, d'ailleurs. Surtout que pour atteindre ce louable objectif (au regard de nos anciens professeurs de médecine de la première moitié du XXe siècle, ardents promoteurs de la vie saine au grand air), j'ai décidé de fouler une fois de plus l'herbe de mon parcours habituel. Fouler l'herbe, en fait je ne l'ai pas tant fait que ça. J'ai surtout pataugé dans la boue, consécutive à quelques journées mémorables de pluie.

J'ai voulu continuer à empêcher tout pivot inversé. Ce ne fut pas facile, car il revient dès que je n'y prête plus garde. Soit: le résultat en terme de fluidité de jeu est désastreux; devant la balle, tout mon swing devient conditionné par cette obsession, il n'y a aucun relâchement. Même si le résultat n'est pas mauvais, jouer dans ces conditions n'est pas très agréable. J'aurais dû être content, le score à la fin des 18 trous (non, je ment je n'ai joué que 17 trous, un green étant impraticable) était plutôt bon malgré un putting perfectible. Et bien non. La balle avait beau aller où je voulais, je n'ai pas réussi à apprécier mon jeu tellement je me sentais contracté.

C'est pourquoi je me suis mis à réfléchir à ce satané pivot inversé. S'il est si présent, c'est qu'il est naturel, inscrit dans notre apprentissage de la station debout depuis notre plus tendre enfance (ne me demandez pas pourquoi l'enfance doit être tendre, c'est une figure de rhétorique assez idiote quand on voit avec quelle vigueur les petits s'agressent dans les crèches et les maternelles. Les enfants sont tout sauf tendres). Tout notre apprentissage de la station debout repose sur un principe de base; tout faire, inconsciemment de préférence, pour que notre centre de gravité se situe au milieu de la ligne passant entre nos deux pieds. Nos muscles, en particulier ceux de la sangle abdominale et ceux du tronc réagissent de manière réflexe à tout déplacement de notre centre d'équilibre. Ce qui nous permet de marcher dignement, de faire de la bicyclette, et pour les plus doués de se promener sur un fil tendu entre deux gratte-ciels.

Et voila que nous nous mettons au golf. Notre cerveau a acquis un conditionnement depuis plusieurs dizaines d'années pour conserver cet équilibre. Ce conditionnement est d'autant renforcé qu'il nous est rappelé dès les premières leçons l'impérieuse nécessité de rester stable sur ses appuis. Par une singularité de ce sport, le swing consiste à balancer loin de notre centre de gravité nos bras, lestés d'un club long et pas si léger que ça. Notre cerveau fait donc son travail, comme il l'a appris et perfectionné depuis des lustres. Quand les bras et le club partent à droite, nos muscles réagissent avec promptitude, instantanément et sans nous demander notre avis (ils n'ont pas de temps à perdre); ils inclinent notre torse vers la gauche. Et c'est magique, le centre de gravité reste bien à sa place, entre nos deux pieds. Mieux même, l'inclinaison à gauche de notre torse favorise la rotation de celui-ci; les bras et le club montent plus facilement, et plus haut.

Et golfiquement, c'est le désastre. Parce que nous avons déplacé le centre de rotation  du swing. Et qu'une fois déplacé dans un sens, selon toute vraisemblance il se déplacera dans l'autre sens au retour, sans aucune garantie de revenir à sa place initiale au moment de l'impact (on peut même parier presque à coup sûr qu'il ne reviendra pas au point initial). D'autre part, lors du downswing, il se déplacera vers la droite, ce qui ralentira nettement la vitesse de la tête de club en plus de rendre sa trajectoire aléatoire. Et enfin, cerise sur le gâteau (pour ceux qui aiment les cerises, bien sûr. Pour ceux qui préfèrent le potiron, je leur conseille d'y aller prudemment avant de poser un potiron sur un gâteau), notre backswing facilité avec nos bras qui ont pu monter bien haut nous a entrainé sur les territoires de l'overswing. Et nous finissons par une gratte honteuse, un top ridicule, une socket pitoyable, un slice cauchemardesque, un hook méprisable.

Tout ça pour dire que respecter nos habitudes ancestrales, et par là même notre confort de station debout est peu compatible avec l'exécution d'un swing performant. Il faut accepter de sentir son centre de gravité se déplacer, sans que notre corps n'en vienne à le compenser. Jusqu'à présent, le meilleur moyen, c'est encore de ralentir et de contrôler notre backswing, en faire un mouvement totalement conscient et contrôlé. Dès que nous allons repasser en mode automatique, nous repartirons dans du pivot inversé. Et ce mode automatique, c'est cette sensation si agréable (mais si mauvaise) de simplement guider la trajectoire du club au backswing une fois qu'on lui a donné une bonne impulsion au take-away. Travaillons donc à démarrer très doucement, à laisser notre centre de gravité se déplacer vers notre droite (les gauchers au fond de la salle, vous faites la conversion tout seuls), et peut-être que nous arriverons à mieux jouer un jour...

1 commentaire:

  1. votre analyse me plait, je sors d'un cours pour lutter contre le pivot inversé et je n'ai rien pigé, rien ressenti, sauf qu'avant je touchais bien la balle. je vais vous relire encore une fois, çà ne peut pas faire de mal

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