lundi 4 janvier 2010

un après-midi d'horreur

Tout d’abord, sacrifions à la coutume et souhaitons nous mutuellement une bonne année, pleine d’eagles, de birdies, de pars à la rigueur. Quoi de neuf ces derniers jours ? En dehors des fêtes et d’un travail qui s’est rappelé à mon bon souvenir, sur le plan golfique c’est bricolage à tous les étages. La dernière victime en date est le driver. Du bout de ses 46 pouces de shaft, il me toisait, l’air moqueur, se réjouissant par avance des grattes et des tops à venir. Mais l’humain a cet avantage sur l’objet inanimé que son esprit est plein de ressources malsaines et pour tout dire malfaisantes.

Ce driver donc n’a pas vu le coup venir. Un après-midi de désœuvrement, golf channel repassant pour la 5000e fois un infomercial sur une méthode infaillible pour acquérir à coup sûr des abdominaux à faire baver vos compagnons de chambrée (pour ceux qui disposeraient encore de compagnons de chambrée et voudraient des abdominaux, la méthode infaillible c’est juste de faire 3-4 heures de culturisme par jour, trois fois rien, quoi…) une sorte de rage exterminatrice m’a pris. Tous les livres le disent, le répètent, nous nous évertuons à jouer des drivers trop longs pour nous. Cet axiome posé, un cutter est magiquement apparu entre mes doigts fébriles et a fendu le grip dans la longueur. Autant vous dire que le driver ne rigolait plus. Il allait montrer ses parties les plus intimes, que sa pudeur naturelle tient à dissimuler au regard de son propriétaire, sa zone de shaft non peinte. Mais le mal était fait. A grand coups d’ongles, le scotch double-face a été pelé, en quelques secondes. Et toutes tremblantes, les fibres noires ont vu la lumière du jour.

Mais ma soif de destruction n’était pas étanchée. Après quelques mesures ésotériques (le repérage du swingweight antérieur avait été réalisé avant la dépose du grip, je précise pour les esprits chagrins), calculs de haute volée scientifique, le verdict est tombé, brutal comme une sentence de mort. Ce shaft, il faut lui en couper un bout long comme ça ; « ça » étant une unité de mesure toute personnelle qui rend d’inestimables services dans ma vie de tous les jours. « Ça » peut faire quelques millimètres comme plusieurs kilomètres, ou bien une poignée de kilos, ou un nombre variable de minutes. En l’occurrence, ce jour là « ça » faisait bien sa bonne petite longueur, mais pas trop quand même, faut pas exagérer. Le repérage de ce calcul a été reporté sur le shaft à l’aide d’un marqueur idoine, plus l’arrondi pour la découpe. Vous voyez, on est très profond au cœur de la haute précision physique, les quarks sont presque en jeu.

L’instrument fatal a ensuite fait sa besogne infernale. Les dents de la scie à métaux ont mordu le fragile tube de carbone, sans la moindre pitié, ne s’arrêtant pas même pour apaiser les cris de douleur des fibres sectionnées les unes après les autres. L’hideuse amputation est vite arrivée son terme et le driver est retombé, inerte, terrassé par la perte de quelques centimètres de shaft. Pas même pris de pitié, j’ai voulu dissimuler mon forfait. Un couche de double-face et un grip neuf ont camouflé le crime, et mon driver ne fait plus que 42.8 pouces.

La vengeance allait être terrible, tremblez-vous en lisant ces lignes. Elle le fut. Pour les balles de golf. Ma vitesse de swing au driver avant recoupe n’avait jamais dépassé les 96 mph, elle est maintenant de 104 mph. Et il est plus facile de swinguer le club, et le centrage est plus régulier. Et tout ça en plein hiver, encombré de couches superposées de vêtements. Pour les distances, je ne sais pas. Je ne l’ai pas essayé sur un long practice, je sais juste que les balles partent beaucoup plus facilement, que les trajectoires sont plus contrôlées et droites.Et ça a quand même l'air de partir sacrément fort.

1 commentaire:

  1. à force de théorie, te voila plongé désormais dans la pratique...
    il arrive quand l'article sur la série de fers?
    je serai curieux de savoir ce que tu vas leur faire...

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