dimanche 10 janvier 2010

Le rêve secret du golfeur mâle

Oui je vais vous parler de longueur. Pas de celle à laquelle vous avez immédiatement songé, bande d’esprits pervers. De longueur de shaft pour ne pas changer. Vous avez appris que j’ai martyrisé un club qui ne m’avait rien fait. Soit. Maintenant essayons de justifier cet acte inconsidéré. Facile…

Commençons par le commencement, l’homme est faible. Je n’entends pas par là que son regard se détourne invariablement de son épouse quand une jolie fille montre son minois (quoique), mais que ses muscles n’ont rien de la puissance d’un réacteur de jet. Deuxième préalable; vous avez tous vu le patineur qui fait une toupie; plus il ramasse ses bras vers son corps, plus il tourne vite. Traduisons ceci en mécanique; plus le moment d’inertie est faible, plus la vitesse angulaire augmente à énergie constante.

On mouline ces deux concepts: l’homme, qui est faible, arrive à un moment où l’énergie qu’il déploie n’augmente plus (cette énergie dépend de divers facteurs, dont la masse musculaire, le taux d’ATP intra-musculaire, etc…). Cette énergie limite va déterminer la vitesse angulaire limite pour un club d’un moment d’inertie donné. Ah, un autre point en passant; nous pourrions décider, par un effort exceptionnel, de dépasser l’énergie limite produite. Mais le corps humain, plus sage que le cerveau de l’homme, est doté de mécanismes lui évitant de se blesser. Paradoxalement, en demandant aux muscles une énergie supérieure à l’énergie limite, on obtiendra une énergie inférieure à celle-ci. Pas de chance, on ne peut pas truander son corps (enfin si on peut, en utilisant des moyens comme des stimulations musculaires externes, électriques par exemple).

Bon, vous suivez tous? Dites-donc, vous au fond à coté du radiateur, on arrête de rêvasser et on se remet au travail, ça peut tomber à l’examen. Revenons à nos caprins. Ce qui intéresse le golfeur avide de longueur, c’est que la tête de club ait une bonne vitesse au moment de son impact avec la balle. On avait vu que nous disposions d’une vitesse angulaire limite. Donc pour augmenter la vitesse de club, en première approximation il faut augmenter la longueur du shaft. Pour les très motivés, on pourra voir ultérieurement l’effet des centres de rotation mobiles, des leviers à angles variables, des courbes de rotation non circulaires, de la joie en perspective. Mais souci, quand on augmente la longueur du shaft, on augmente aussi le moment d’inertie du club; donc on diminue la vitesse angulaire limite. Une question angoissante survient alors: est-ce que la vitesse angulaire diminue plus que la longueur du shaft ne fait augmenter la vitesse de la tête; est-ce que la courbe résultante est une droite, est-ce une courbe avec un sommet?

La question vous taraude, vous fouaille les entrailles, et bien…il y a effectivement un sommet sur cette courbe. Et là, oh miracle, nous venons de démontrer qu’il y a une longueur limite à la taille d’un club du point de vue des performances. Oui, mais les esprits chagrins diront (avec raison) que les simplifications plus haut sont tellement grossières que le résultat ne veut rien dire. Alors attaquons nous au bazar: tout d’abord nous avons outrageusement simplifié le modèle théorique du club en supposant qu’il restait en permanence dans le prolongement du bras, lui-même tendu, qui lui-même tournait gentiment autour d’un point fixe situé entre les deux épaules. Et en vrai,… ce n’est pas vrai du tout. Je vous fais grâce des calculs et des démonstrations, et je vous assène le résultat brutalement: on trouve encore une longueur limite au-delà de laquelle la vitesse de la tête du club diminue. Mais on démontre aussi qu’on peut contourner cette limite si on désarme très tardivement, au risque de lésions ligamentaires quand le désarmement survient. Et ça c’est ce que font les long drivers.

Et puis le coup fatal survient pour enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la longueur du shaft toute puissante. Chacun a constaté qu’avec les longs clubs le centrage était moins constant (parce que la longueur du club nous contraint à un armement puis à un désarmement plus prononcé pour le maitriser, et c’est un facteur majeur d’inconstance de centrage). Regardons alors si le centrage se dégrade régulièrement en fonction de la longueur du shaft. Et bien non. Il n’arrive qu’au-delà d’une certaine longueur de manière importante. Et cette longueur n’est pas très éloignée de la longueur limite (entre 1 et 1.5 pouce d’écart).

Bon, mais tout ça, à quoi ça peut servir? Déjà ça occupe pendant les journées neigeuses quand le terrain et le practice sont inaccessibles. Et puis, quand on s’ennuie vraiment, on calcule la longueur limite de chacun de ses clubs en fonction de son moment d’inertie. Et vous allez rire, pour le driver, pour moi, la longueur limite c’est 43.9 pouces; et le moment où la dispersion s’accroit notablement, c’est 42.8 pouces. Coïncidence, c’est pilepoil la nouvelle longueur de mon driver. J’en ai de la chance, non ?

1 commentaire:

  1. je me Gausse Monsieur Laplace!
    Mais je vais sans doute moi aussi enlever un petit bout soit dit en passant....

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