lundi 21 juin 2010

Le roi des besogneux

Depuis quelques siècles, par la faute d'un sordide bavard normand, qui au lieu de se consacrer à la défense des intérêts de ses clients s'est cru élu de Melpomène et a exalté ses penchants très douteux pour les vendettas familiales et le meurtre comme solution rapide aux contrariétés, nous sommes condamnés à ne plus pouvoir nous réjouir sereinement de nos succès si nous avons eu le malheur de les obtenir sans mettre en péril nos jours ou notre santé. En effet ce sinistre personnage, psychorigide et réactionnaire dans l'âme, a commis cette phrase funeste: "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire", depuis ressortie en chaque occasion par les spectateurs aigris de nos petites victoires.

Donc ce week-end avait lieu le championnat du Finistère individuel, organisé sur mes terres habituelles, et je concourrais dans la catégorie des besogneux, des sans-grades, bref des troisièmes séries, les index au dessus de 18.5. Peu de joueurs avaient eu l'indécence d'exposer à la vue de tous leurs coups approximatifs, et donc nous n'étions que très peu nombreux dans cette catégorie. 14 inscrits, et seulement 10 sont allés jusqu'au bout de leur utopie. J'avais l'index le plus bas. Les organisateurs, bien conscients de notre faible aptitude au jeu, nous ont fait partir des jaunes, mais en strocke quand même. Le temps était magnifique, le parcours était en état excellent, quelques drapeaux placés dans les coins, et des greens à la vitesse respectable. Il faut dire que nous partions dans la foulée des premières et deuxièmes séries.

Pour dire les choses simplement, j'ai eu de bons moments pendant cette épreuve. Les sensations étaient au rendez-vous, je me sentais même capable d'appuyer un peu mes coups sans risque de balles échappées. Un bogey en entrée, suivi d'un par, m'ont mis en confiance. Un peu trop même puisqu'au 3 j'embarque mon drive dans les arbres de gauche, et la sortie en est très difficile. Au point de récolter un triple bogey. Mais je me reprends en alignant le par sur les trois trous suivants. Trop optimiste, je suis ramené à plus de raison suite à un bogey idiot au 7, et j'enchaine sur un bogey également au 8, beaucoup plus honorable au regard du trou. Au 9 ma balle s'obstine à faire des virgules, encore un bogey. Toutefois j'ai fait l'aller en +7, j'ai un peu d'avance sur mon tableau de marche.

Sur le 10 je veux jouer trop finement le drapeau très complexe, un nouveau bogey. Mais je rétablis les choses avec un par au 11. C'est au 12 que ça se gate. Nous sommes attendus au départ par l'arbitre du jour qui nous rebat les oreilles des dangers de l'entame sur ce trou, c'est un couloir entre deux hors limites. Il nous énonce sans pitié les multiples balles perdues précédemment. Pour tout arranger une commissaire de parcours, chargée de contrôler la validité de nos entames déambule à l'endroit exact où nous souhaitons jouer, sa voiturette arrêtée sur la zone de réception la plus favorable. Avec de telles incitations j'adopte le comportement général et envoie ma première entame HL, de même que la seconde. Avant que l'hémorragie ne soit incontrôlable, je joue ma troisième entame délibérément courte, je vais finir ce trou en poussant la balle, bogey avec la troisième qui fait 9 sur ce trou. Le triple bogey qui a suivi sur le 13 est par contre de ma faute, et mérité.

Sur le 14 je ne suis pas encore complètement remis et ramène un double, mais c'est le trou le plus difficile. Le bogey du 15 est paradoxalement moins bon. Et sur le 16, de nouveau j'ai un moment d'égarement; en en 3 dans le bunker de green sur ce long par 5, je cherche à finasser la sortie, ce qui est une mauvaise idée, puisqu'il me faut 3 coups pour sortir de ce bunker, puis 2 putts, et voila encore un triple. Convalescent toujours sur le 17, je gâche un drive très long par une fébrilité inhabituelle au putting, bogey. Et au 18 je rate le birdie de peu ayant retrouvé, un peu tard, ma sérénité.

Le score du retour est bien évidemment mauvais, +16. Mais au final, j'ai joué +23 (6 pars, 7 bogeys, 1 double, 3 triples et un quintuple, 7 GIR, 34 putts), j'ai largement évité la bourriche. Ce que n'ont pas réussi mes concurrents, on m'a donc décerné le titre de champion du Finistère en 3e série. Je ne pense pas pouvoir impressionner d'enfants de plus de 6 ans avec ça.

Et hier je remettais ça avec une nouvelle épreuve en stableford cette fois. Et le résultat fut presque inverse. A peine capable de toucher la balle à l'aller (un seul par, justement sur le 3 où j'avais rendu un triple la veille), je le joue en +14, et je me réveille sur le retour avec un +7 et 4 pars. Soit un total de +21 (5 pars, 6 bogeys, 6 doubles, 1 triple, 5 GIR, 34 putts), ou 35 points stableford.

Maintenant il ne me reste plus qu'à trouver le moyen de nettoyer les plats en métal argenté



1 commentaire:

  1. Félicitations pour ces deux cartes solides malgré tout, et ce joli trophée.
    Benohem

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