mardi 13 juillet 2010

A moi Jeanne, reviens !

Vous avez tous compris depuis longtemps que la Bretagne est le paradis du golf. Notre climat tempéré, les pluies heureuses et un paysage à couper le souffle ont assis notre réputation depuis longtemps. Mais tout n'est pas idyllique au paradis. Nous souffrons d'un mal sournois et prolifique qui, telles les maladies cryptogamiques qui touchent les greens du voisin (par définition mon golf n'est jamais malade), revient chaque année aux beaux jours. Cette maladie a un nom, c'est la seniorose albionique. Certains clubs, à l'instar de ceux situés autour de Saint Malo, sont quasiment condamnés tant l'infestation est majeure. Nous mêmes, pourtant éloignés de la porte d'entrée, nous présentons des symptômes de jour en jour plus prononcés.

Mais à quoi ressemble cette maladie exactement ? Sa présentation varie suivant les jours, mais on retrouve des constantes. L'agent pathogène, car on peut ranger cette affection dans les pathologies infectieuses, est une forme de vie complexe dotée de diverses fonctions. Son aptitude aux mouvements autonomes est réduite, mais possible grâce au concours de deux appendices appelés legs, assez fréquemment complétés d'un support automobile, un cart. Son alimentation est exclusivement à base de décoction de certaines variétés de camelias sinensis, ou chez le mâle, de jus de fermentation de houblon. Il semble qu'il existe des possibilités de communication entre les différents agents d'une même population car ils émettent des signaux sonores que certains audacieux qualifient de langage. C'est probablement s'avancer, il n'en reste pas moins que les signaux sonores en question provoquent parfois une modification du comportement de ceux qui se trouvent à portée.

Au premier abord leur nuisance ne semble pas majeure, on note juste leur propension à sédimenter dans certaines zones des club-houses comme le comptoir du bar, et bien sûr les nuisances sonores, principalement en fin de journée et après leurs périodes d'alimentation. Mais leur coté pathogène apparait essentiellement ailleurs, sur le terrain. Il se trouve que ces formes de vie montrent une appétence particulière pour le jeu de golf et elles se répandent sans vergogne sur les fairways et les greens, moins dans les roughs. Outre leur présence qui, on l'a démontré, ralentit le rythme des parties de près de 0.00001%, c'est surtout leur "jeu" qui provoque des lésions cérébrales presque irréversibles aux spectateurs et aux partenaires qui auraient eu le malheur de les croiser. Ce n'est qu'une suite de gestes improbables et de coups roulés, sans la moindre élégance ni aucun respect des canons du swing académique. Et la pauvre victime voit à chaque fois ou presque avec un dégout croissant la balle partir vivement et se diriger sans coup férir vers le green ou le trou. Alors qu'elle n'aurait pas du. Et c'est ça qui peut vous pousser au suicide.


Donc chers amis, si un jour vous croisez ces spécimens,  méfiez-vous, refusez avec énergie de partager leur partie. Vous n'y récolteriez que la perte des dernières de vos illusions, à voir ces individus capable de rendre des cartes impressionnantes en dépit de leur mobilité réduite, leur vision aléatoire et leurs forces lamentables. Voir tout au long de 18 trous un vieillard cacochyme à peine capable de soulever un club junior, ne jamais expédier sa balle a plus de 130 mètres mais qui systématiquement s'arrêtera à l'endroit idéal pour le coup suivant, ne jamais utiliser son putter plus d'une fois sur un green en dépit de ses lunettes à triple foyer entraine des lésions cérébrales majeures et des bouffées névrotiques, je vous le dis. D'autant que ces individus en question poussent leur perversité à être d'une politesse irréprochable et très souvent d'une conversation passionnante.


 Je me demande ce que fait le gouvernement pour nous éviter ces humiliations répétées. Nous sommes de mauvais golfeurs certes, mais ce n'est pas la peine qu'on nous le montre en nous confrontant à ces sportifs expérimentés. En tout cas, moi je refuse de jouer encore avec un bientôt nonagénaire qui ramène une carte de 80, c'est trop déprimant.

1 commentaire:

  1. Excellent ton article ;)

    C'est vrai qu'il n'y a rien de plus énervant qu'un senior qui s'extasie sur vos coups de fer et de wedges, qui évidemment montent à plusieurs dizaines de mètres de hauteur comme il se doit, en vous disant : "ho je suis bien incapable de faire ça!"... et qui vous met 10 points en stroke avec ses p*$@&% de coups rase-motte ^^

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