jeudi 23 mai 2013

Quand on veut jouer dans la cour des grands...

Le week-end dernier m'est venue l'idée saugrenue et parfaitement mégalomaniaque de vouloir me présenter au championnat départemental. Il se trouve que j'avais tout juste l'index nécessaire, la journée libre, et que cela m'offrait la possibilité de fouler le parcours de championnat du golf de Brest Iroise, rarement ouvert au jeu. Et le tout à peu de frais, ce qui m'arrange car j'ai encore un million d'heures de cours à prendre pour espérer un jour taper décemment dans la balle.

Ce n'est pas n'importe quel parcours, beaucoup dans la région le considèrent comme difficile et long. Qu'à cela ne tienne, le temps était annoncé au beau (mais frais), et si d'aventure je ne finissais pas dernier, je pourrais à bon compte prétendre avoir battu de meilleurs joueurs que moi. La contrepartie d'un handicap élevé était un départ matinal, plus exactement aux aurores. 

J'ai préparé mon sac consciencieusement, en le délestant de nombreux "trésors" pas franchement utiles, et en faisant le plein de balles. J'ai même pris le soin de décortiquer le tracé du parcours, de demander des conseils avisés à quelques joueurs d'expérience. Ce qu'ils me disaient était clair: ne pas chercher à attaquer les distances, rester prudent et au milieu de la piste. Et de toute façon, à la fin, je pourrais m'estimer heureux avec un score sous les 100. Après ces propos rassurants, je me suis demandé un temps si je devais emmener en plus une bouée pour au retour soulager mon postérieur de la fessée promise.

Me voila donc de (très) bon matin au départ du 1. Il fait effectivement beau, et frais. Très frais. Mes deux partenaires sont dans le même esprit; d'abord jouer, éventuellement réussir un ou deux bons coups, nous savions que les honneurs du palmarès ne nous concerneraient pas. J'adopte la stratégie élaborée, et je reste prudent. Le driver reste souvent dans le sac, je ne vise que les cibles que je vois, l'idée d'un green en régulation ne m'effleure pas franchement. Rien de spectaculaire, mais en contrepartie je ne perds pas de balles, car elles ont le bon goût de rester sur les fairways. Finalement, je n'ai pas de coups difficiles à jouer. Et il ne m'arrive pas de catastrophe. Des bogeys le plus souvent, quelques pars, quelques doubles. L'ambiance est bonne, nous profitons à plein des premières heures de soleil dans le calme de la nature.

Au bout du 18e et dernier trou est venu le temps de rendre la carte. Qui ma foi se révèle très acceptable, et je suis nettement sous les 100. Le parcours m'a semblé moins éprouvant que sa réputation, les greens étaient amicaux. Puis arrivent les groupes suivants, au fil des minutes et des heures, avec souvent des scores plus élevés. Il semble donc que je n'ai vraiment pas mal joué en définitive. Puis sont arrivés les meilleurs et j'ai pu mesurer l'écart qui me sépare d'eux. 

Mais le soir venu, si bien sûr je ne suis pas qualifié pour les championnats de région, j'ai au moins eu le plaisir de donner une petite claque à mon handicap un jour de championnat. Et nous n'avons pas été nombreux à le faire ce samedi là. La bouée n'a pas eu à être gonflée pour le retour...

mardi 7 mai 2013

Le retour de la vengeance de la momie...

Non, vous ne rêvez pas, j'ai retrouvé par le plus grand des hasards le chemin de ce blog.
Ce qui permet aux plus perspicaces d'entre-vous de tirer trois conclusions:
  • Je ne suis pas mort
  • Je joue encore au golf (si on peut appeler ça jouer)
  • Mon égo de vieille théatreuse n'est pas encore assez écrabouillé pour que je vous épargne mes déboires.

Mais puisque nous en sommes aux retrouvailles, vous ne couperez assurément pas au récit très fortement enjolivé de mes aventures passées. Nous nous étions quittés à quelques jours du début d'une nouvelle saison de compétitions (par chez nous point de neige, mais pas de compétitions avant avril). Je sortais d'un entrainement intensif au putting et j'étais plein de confiance pour réduire encore de quelques points mon handicap quand bien même la fin de la saison précédente m'avait vu stopper mes exploits et redécouvrir les profondeurs des classements lors des cochonou dominicales. Innocent que j'étais !


Cette année 2011 fut d'une grande constance dans les +0.1 à l'heure des vêpres, je quittais les repères des premières séries, retombais au niveau des boules jaunes que je m'étais promis de ne plus jamais approcher. Compétition après compétition, mon seul objectif était d'éviter l'infamante bourriche, à savoir jouer 100 ou plus. Et bien j'ai récolté de quoi concurrencer nombre d'ostréiculteurs, ma foi...

Quelle explication à donner, je ne sais pas vraiment, à part que je jouais mal. Bien sur je pourrais me trouver des excuses, comme de dire que mon pro s'était lassé de mon absence de progrès au point qu'il était pratiquement injoignable, que je modifiais profondément mon swing en essayant d’être stable, de transférer mon poids dans le bon sens, de tourner vers la cible et enfin que j'étais en plein changement de carrière professionnelle.

Quand même un peu de positif dans cette année 2011; tout d'abord le putting avait bénéficié dans une certaine mesure de mes gammes vespérales. Je ratais toujours mes putts, mais moins lamentablement, et il m'arrivait même d'avoir un semblant de contrôle. D'autre part j'ai retrouvé un nouveau pro, encore jeune et innocent, qui a accepté devoir ses yeux saigner à me regarder.

Et finalement, d'un strict point de vue comptable, les dégâts ne furent pas si catastrophiques par la grâce de concours de circonstances improbables certains dimanches qui me virent effacer une partie de mes déconvenues habituelles.

Je m'étais donc juré de tirer un trait sur cette saison maudite, et d'attaquer 2012 la fleur au fusil. La fleur a vite fané, dans un frustration sourde qui me voyait taper enfin proprement au practice (soyons honnêtes, de temps en temps) et ne plus savoir par quel bout tenir mes clubs sur le parcours. Toutefois, les scores, pour peu reluisants qu'ils étaient, n'entrainaient plus automatiquement le honteux +0.1, et je m'enfonçais dans les profondeurs marécageuses de la zone tampon.

J'ai aussi triché en 2012; oui je suis parfois allé jouer sur un parcours compact, où les scores sont si vite flatteurs, et j'ai fini la saison au niveau de 2010.

Quant à la technique, à mon "swing", il n'est plus le même. Mes clefs ont changé, il m'arrive d'avoir un vrai contact de balle, le tempo s'est réellement modifié. Il devrait me permettre, dans le meilleur des mondes, celui où mon semblant de cerveau ne me met pas en mode panique une heure avant le départ du 1, de jouer assez proprement. Mais ces embellies ne durent jamais assez longtemps pour que la carte se colore majoritairement de blanc et d'orange.

Et je ne suis pas guéri en ce début de 2013. Les premières compétitions ont une nouvelle fois le goût iodé des scores fleuves, j'arrive avec une constance assez remarquable à massacrer des départs heureux par des approches éloignantes, ou à l'inverse à traverser moult roughs depuis l'entame avant de découvrir le green et enfin putter pour la croix. Et parfois les deux, et là les trous deviennent très très long.

Mais je déborde toujours d'optimisme, je me sens à peine à ça de rendre la carte glorieuse, de celles qu'on évoque au club-house plein d'une modestie affreusement surjouée quand on prétend:"c'était moyen dans l'ensemble, mais j'ai eu quelques coups heureux qui devraient m'éviter le 0.1"

samedi 26 mars 2011

Les fondamentaux, encore et toujours

L'automne est au golfeur ce que le premier janvier est au civil; la saison des bonnes résolutions. Et comme les autres nos bonnes résolutions ne voient presque jamais le début d'une exécution. Bien entendu je n'ai pas dérogé à la règle, d'autant que pour le golfeur, la résolution est universelle: "c'est décidé, j'attaque, j'y passe l'hiver mais au printemps j'aurai un swing décent". Ne riez pas, soyez honnêtes, vous aussi vous vous êtes juré à peu près la même chose, vous avez une fois de plus noté le numéro de téléphone de votre pro dans votre agenda en vous promettant de l'appeler pour prendre au moins un cours (parce que faut pas déconner, un cours ça sera largement suffisant). Et bien évidemment, au vu de votre planning, vous n'avez jamais appelé le pro. Surtout qu'il s'est mis à pleuvoir, à faire froid, qu'il y avait plein de sorties intéressantes au cinéma, qu'il y avait les cadeaux des enfants à préparer.

Mais moi je ne suis pas comme ça. Parce que par chez moi la pluie ne nous gêne pas, qu'il ne fait pas vraiment froid, que le cinéma je n'y vais pas, et que je ne fais pas de cadeaux aux enfants, non mais et puis quoi encore...Donc les bonnes résolutions, je m'y suis attelé. Enfin surtout une, à savoir: "avoir enfin un putting juste potable". Vous me connaissez, le putting et moi, c'est spectaculaire. Une balle en équilibre au bord d'un trou, je suis capable de ne pas la rentrer. J'ai pourtant lu, beaucoup, j'ai regardé, j'ai théorisé. Et jusqu'à présent je n'ai jamais appliqué tout ce que j'ai pu apprendre. Ça serait trop facile, sinon. Bien au contraire, à chaque frappe, je plongeais dans l'improvisation et l'inconnu, en me fiant exclusivement à un instinct dont je connaissais pourtant l'inexactitude.

Pas complètement opposé à un certain degré de masochisme, j'ai d'abord établi d'où je partais. Je suis allé un jour sur le putting green, armé d'une caméra, et je me suis filmé à l'œuvre. Pour coller à la réalité, chaque putt avait un enjeu, de nature confisière (je suis gourmand). Masochiste peut-être, mais pas sadique, je vous épargnerai ces images. J'ai ensuite disséqué mes exploits; le tempo, le chemin du club, le stance, la zone d'impact. Les constatations n'ont pas été le moment le plus idyllique de ces derniers mois. Je suis doté d'un tempo à géométrie variable, à transitions brutales et à tendance décélératrice. Je fais preuve d'une grande créativité dans le chemin de club tout comme dans l'utilisation des épaules bras et poignets. J'accorde beaucoup d'importance à user uniformément toute la surface du putter en répartissant les impacts sur toute la largeur. Enfin, en proie à des remords récurrents, je suis adepte du coup de poignet rectificateur à l'instant crucial de l'impact.

Et donc j'ai entrepris, une fois le devis effectué et le bon pour travaux signé, ce chantier sisyphien (je sais ce mot n'existait pas jusqu'à cet instant, mais maintenant il existe). La moquette de mon couloir fut chaque soir de l'automne et de l'hiver le théâtre de ma rééducation. Travail sur la posture et la position de la balle, pour être en équilibre, les épaules et bras libres et pouvant bouger avec les bons muscles. Ce ne fut pas si simple, car les ajustements demandaient des corrections sur le putter lui aussi, en lie et en longueur de shaft. En plus de cette étape, j'ai du attaquer la régularité du chemin du club. Et là, il n'y a pas de mystère; on trace des repères au sol, on installe des portillons à franchir, et coup  après coup on s'attache à survoler exactement les points de couleur, à ne pas heurter les portillons de tees renversés. Il faut le répéter des dizaines, des centaines, des milliers de fois. 100 à 200 putts chaque soir, tous les soirs, pendant quatre mois. Mais ce n'est pas encore suffisant.

Le chantier devient infernal au moment où on s'attaque au tempo et à l'impact. Un métronome parfois pour assoir le rythme, des exercices pour arrêter de décélérer, pour pousser et accompagner la balle. Et enfin, centrer les impacts. Toujours toucher la balle avec le même millimètre carré de la face du club, le seul qui l'envoie exactement droit, sans effet. Il y a quand même des récompenses au pays d'Hercule. Les améliorations sur un point non seulement ne détruisent pas les autres mais ont plutôt tendance à avoir un effet bénéfique sur le tout. Au point que s'en m'en préoccuper vraiment, mes coups de poignet intempestifs avaient presque disparu.

Après quatre mois, qu'en reste-t-il ? J'ai un swing au putting, je ne suis plus surpris ni de la direction ni de la vitesse de la balle, et c'est moi qui décide. par contre il y a un dommage collatéral; l'alignement ne se fait plus tout seul, mes mains ne compensent plus inconsciemment. Actuellement je réapprend patiemment, jour après jour, à déterminer ma cible et à la viser. C'est aujourd'hui beaucoup mieux qu'il y a un mois, mais j'ai encore d'énormes progrès à faire. Et je peux confirmer une chose; le putting, c'est de la technique. Ce qui vous disent que le putting ne s'apprend pas vous mentent.


mardi 22 mars 2011

Comme Vijay Singh, mais en beaucoup plus mal

A chaque jour ses inepties. Ce soir, ce sont mes pitoyables entrainements qu'il s'agit de scruter, et dont il est autorisé de rire, à défaut d'en pleurer. Car je dois le confesser, mes irréalistes ambitions me poussent à vouloir améliorer mon jeu et donc mon swing puisqu'en bon français le golf pour moi ne se résume qu'à ça. Parait-il. Le chantier est titanesque, maintes fois entamé, jamais terminé. L'objectif n'était pas unique, ce qui commence mal. Deux priorités s'affichaient devant mes yeux avides; transférer mon poids vers la cible pendant le swing, et comprimer la balle. Car j'en avais marre de pousser la baballe sans grand résultat, moi aussi je voulais finir mon geste dans la posture du matador qui vient de planter ses banderilles, moi aussi je voulais que des missiles jaillissent dans le vrombissement révélateur d'un spin phénoménal.

Comme j'aime la difficulté, j'ai choisi le meilleur moment pour initier cette révolution; les mauvais jours froids et humides qui voient mon pro se rendre beaucoup moins disponible pour les fadas qui croient savoir ce qu'il faut faire mais sont incapables de commencer à exécuter ce qu'ils ont en tête. Alors j'ai tapé des balles tout seul. Grâce à d'habiles et subtils ajustements j'ai vu mes longueurs chuter et mes trajectoires devenir comiques. J'ai pu confirmer que ni le backswing en enroulement autour du torse, ni l'overswing majeur ne sont propices à un geste élégant. Ni efficace. Et encore moins les deux. Comme je suis mentalement usé et que mes instants de lucidité s'espacent dramatiquement, j'ai décidé de m'entrainer avec des clubs d'homme, à savoir mes lames. Sinon c'est trop facile. La seule chose qu'on ne peut me reprocher c'est la fainéantise; près de 5000 balles en 3 mois c'est honnête pour un tâcheron de mon espèce.

Le résultat de tout ça... peu brillant je le crains. Le mois de février a vu le début d'un retour à plus d'orthodoxie sous la houlette retrouvée de mon pro. Curieusement, il parait qu'il y aurait du bon, et que je transfèrerais enfin mon poids dans un sens plus acceptable. Je veux y croire de toutes mes forces car mes balles n'ont pas l'air au courant de mes progrès supposés. Le plus drôle est que mon gourou croit fermement que je saurais, la belle saison venue, compresser mes balles avec puissance et grâce. A tout hasard j'allume des cierges ici ou là.

Mais j'ai quand même fait quelque chose d'utile, j'ai commencé à apprendre à putter. Non, ne riez pas, je ne savais pas putter jusqu'à cet hiver. Comme la majorité des amateurs d'ailleurs, et peut-être même vous. J'avais été contaminé par un des plus ineptes des lieux communs: "le putting c'est personnel, ça ne s'apprend pas vraiment". Si vous croyez encore à ça, n'espérez pas un jour enquiller des ficelles autrement que par un concours de circonstance. Le putting ça s'apprend, ça a des fondamentaux, des incontournables, l'improvisation n'a sa place que lorsqu'elle respecte des bases tout comme la tragédie classique respecte les trois unités. J'ai travaillé le tempo, j'ai travaillé le chemin du club, j'ai travaillé le centrage de la balle, j'ai travaillé l'orientation de la face, j'ai travaillé le finish. les cinq piliers non pas de la foi, mais du putting maitrisé. Celui qui vous permet de savoir que la balle va suivre avec précision la ligne que vous visez. Et cette histoire, c'est pour demain...

lundi 21 mars 2011

Tapotage de balle

Et c'est parti pour le résumé. 

J'en étais à la fin septembre, et la dernière compétition avec mon ami Stewart. J'ai eu de ses nouvelles depuis, il a beaucoup fréquenté les chirurgiens. Il repose à peine le pied par terre, mais il a retrouvé un genou qui plie, et mieux même, il a encore des muscles pour le commander. Il se donne quelques mois de rééducation pour retrouver force et souplesse, et me corriger. C'est une correction que j'espère avec ardeur, d'autant que nous serons nombreux à la subir (dont une ou deux célébrités).
 
Le mois d'octobre fut calme, avec quelques épreuves en équipe et un swing baladeur qui subissait l'absence cruelle du contrôle avisé de mon pro. D'expérimentations hasardeuses en essais fantaisistes, j'avais réussi à perdre nombre de mes repères. L'idéal en sorte pour préparer des rencontres forumesques.

La première fut l'occasion de retrouvailles avec un ami très cher, golfeur obsessionnel tout autant que moi, et blogueur talentueux. Il s'était offert de me faire découvrir le Golf National, que je ne connaissais jusque là que par médias interposés, même si j'avais l'impression de l'avoir déjà joué à force de l'avoir vu. De cette journée je garde un souvenir vivace. Des bons moments, et il y en eut avec un GIR et un par en entrée, juste le temps de pouvoir affirmer sans mentir que: "le National, je le joue scratch". Et ces bons moments continuèrent, puisqu'un deuxième par me récompensait au 6. Je réussissais même à faire illusion jusqu'au 13, qui vit mes chimères s'évaporer. Une balle qui disparait alors que j'aurais du la retrouver sans peine, ce petit sentiment d'injustice passager a suffi à déséquilibrer le fragile édifice de mon mental, déjà atteint par les attentes, les roughs sans concessions pour mes égarements et l'absence de trou reposant. Je ratais au 14 l'occasion de ressouder mon armure, j'étais donc mûr pour me vautrer sur le final. Au 15, après une honnête entame je sacrifiais à l'eau par une bonne gratte révélatrice de mon manque d'assurance, le 16 me vit balbutier sur une occasion facile, et le 17 concrétisa la perte de mes moyens. Quant au 18, ce ne fut qu'un sauvetage. Mais ce n'était somme toute qu'accessoire, j'étais venu pour découvrir ce terrain de jeu, et partager des heures précieuses avec un complice.

Or ce déplacement loin de mes terres natales ne se résuma pas à arpenter un links, espace somme toute assez typique de mes contrées d'origine. J'avais aussi rendez-vous avec une bande de furieux, de ceux qui essaient de vous faire croire que le golf ne les intéresse pas beaucoup plus que cela alors qu'en vérité ils ne vivent que pour arpenter encore une fois de plus un parcours. Nous nous rejoignîmes chez les chèvres, surnom tout personnel du golf de Marivaux. Car choisir le tombant d'un plateau pour dessiner un parcours, quand à perte de vue s'étendent des plaines, c'est avoir un coté chèvre. Ce parcours boisé laboure la pente abrupte en tous sens, de montées infernales en points de vue vertigineux. Je le jouais trois fois en trois jours, sans exploits. Si je n'avais été en si bonne compagnie, je dirais que je l'ai joué deux fois de trop. Quelques coups me restent en mémoire, mais beaucoup se sont dissipés dans les limbes de souvenirs incertains. Finalement l'essentiel de ces trois jours fut les rencontres, beaucoup plus que le jeu.

Mes clubs humèrent une dernière fois l'odeur de la poudre pour célébrer les expérimentations annuelles d'une bande de chimistes du nord de Lyon qui jouent avec du sucre dans du jus de raisin pas mûr. Nous nous attaquions au parcours cornouaillais en scramble, avec une équipe redoutable sur le papier; trois handicaps largement sous les 10, et moi pour amener des coups rendus. Mais de joueurs capables d'honorer notre contrat, nous n'étions que deux. Qu'à cela ne tienne, nous avons bataillé ferme, et ramené une carte sans bogey. Un -8 pas si désagréable ma foi, qui nous offrit la victoire en brut. Les lots gagnés  à l'occasion furent redistribués en hommage à d'importants gourous de l'internet golfique. Après cette journée, le parcours se fermait pour moi, il était temps de refaire des gammes plus sérieusement. Et nous verrons ça demain...

dimanche 20 mars 2011

Veuillez accepter toutes mes excuses

Oui, toutes mes excuses pour ce silence prolongé. Du moins parce que ma vanité naturelle me fait croire qu'un ou l'autre des lecteurs de ce blog a pu regretter mon inactivité. Disons-le tout de suite, je suis responsable, je n'ai pas d'excuses valables. L'arrivée de l'automne a vu se tarir ma logorrhée, ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, mais la décrue a tourné à la panne sèche. A plusieurs reprises je me suis installé devant l'écran, le clavier calé, le café fumant à portée de main. Et rien. Pas une idée, pas une ligne. Ou plutôt des suites de lieux communs ennuyeux, sans motifs, sans but.

Pourtant golf il y a eu, et des aventures passionnantes. Des voyages en des contrées inavouables, des expérimentations improbables, des théorisations fumeuses, tout y est passé. Demain je vous raconte le début...

lundi 27 septembre 2010

One more time

Hier aux aurores je jouais une de mes dernières compétitions de la saison. Pour les partenaires, c'était très contrasté; d'un coté un écossais, Stewart, Il est tombé amoureux de la Bretagne il y a déjà dix ans et y passe tous ses étés. Il ne parle presque pas un mot de Français (ce qui n'est pas un problème pour moi), et il fut un joueur de très bon niveau (handicap 4) avant d'être victime d'un gravissime accident de moto il y a quelques années. Il ne se déplace depuis plus guère qu'avec un petit quad électrique en raison d'une jambe gauche complètement raide et non fonctionnelle. Son handicap s'en est ressenti, il joue actuellement autour de 20. Il refuse de concourir en handisport alors qu'il pourrait parfaitement y prétendre, car dit-il, il n'est pas victime d'un handicap fortuit, mais seulement affecté par la conséquence de ses actes. C'est aussi un grand connaisseur des règles, il est arbitre officiel. Nous avons déjà joué ensemble à de nombreuses reprises, avec beaucoup de plaisir à chaque fois, mais hier c'était un peu spécial. C'était sa dernière compétition avant son retour au Royaume Uni et surtout un hiver très stressant, puisqu'il doit subir plusieurs interventions chirurgicales dans l'espoir de remarcher plus aisément.

Et de l'autre coté, monsieur Boulet, le vrai, le beau, l'unique. Spécialiste des coups d'essais (en moyenne 5 à 8 avant chaque coup), affecté d'un sifflotement permanent dont il n'a plus conscience, il compte sur ses partenaires pour observer la trajectoire de ses balles dès qu'elles dépassent les 30 mètres. Il a au fil des années de jeu élaboré une routine très complexe qui ne peut débuter que lorsque vient son tour de jouer, avec mesures répétées de distance, enfilage de gant et autres fioritures chronophages. Peut-être par peur d'être tout seul dehors, il ne peut également s'empêcher de stationner dans vos jambes sur les tees de départ quand vient votre tour de jouer. Fier d'être français, il met un point d'honneur à ne pas parler un mot d'anglais et ne comprend pas qu'un britannique ne s'exprime pas dans la langue de Corneille. Il a des règles une notion très approximative, mais heureusement ne les conteste pas quand on lui rappelle les procédures. Son index de 20 est le pinacle de ses exploits, il y reste bloqué depuis de nombreuses années car il ne veut pas toucher à son swing très personnel.

Nous sommes le troisième départ de la compétition, il est à peine 8 heures 30, le jour vient de se lever et il ne fait que 7°. Cela a douché mon enthousiasme à l'idée de faire un peu de practice, qui s'est limité à un café chaud et tout juste quelques swings à vide. Devant nous la fraicheur a fait des dégâts, ils ne sont que deux. Autant dire qu'ils iront plus vite que nous, malgré Stewart et son engin qui roule à vive allure sur les fairways recouverts de rosée. Pour tout dire ils disparaitront déjà de notre vue au trou numéro 3. Peut-être aussi parce que nous avons mis une demi-heure pour y arriver, au 3. Car il a fallu attendre pendant les routines. Puis chercher des balles égarées. Puis préciser l'art et la manière de se dropper.

Pas de véritable échauffement donc, ni test de la roule des greens, ce n'a pas été très sage. Si je m'en sors assez bien sur le 1 avec un bogey normal (drive dans l'axe, hybride dans le collier de green, approche et deux putts), au deux ça se dégrade; joli drive droit, gâché par un fer 5 joué en oubliant de tourner qui part en quick hook (j'ai bien senti l'absence d'échauffement), approche et trois putts, parce que finalement les greens sont rapides aujourd'hui et que je veux éviter de perdre plus de temps encore que nous ne l'avons déjà fait. Et sur le 3 ça se dégrade encore; un drive qui finit au pied d'un arbre, puis un sage petit recentrage dans l'axe, et à nouveau un fer 5 en hook avec un balle sous un arbuste,. Un coup pour s'en dégager, et un pour le green, puis deux putts, c'est un de trop, croix. Sur le 4 ce n'est guère mieux; drive dans le rough de droite, recentrage au fer 6 après avoir passé plus de 10 minutes à chercher la balle de l'autre, puis fer 6 à nouveau, gratté cette fois. Une approche pour le green, médiocre, et trois putts (ils vont vraiment vite), double. +8 en 4 trous, l'absence d'échauffement se paye cash. Au 5 ça se calme: entame au fer 4 un peu longue (mieux contacté que d'habitude), approche, deux putts . Puis GIR-par au 6 et au 7.

Au 8, drive lâché à droite et très court, la balle est injouable dans le talus; drop, hybride, approche, deux putts, double. Pas de chance au 9, mon drive finit dans un divot très profond (plus une tranchée qu'un divot). Un coup pour en sortir, puis approche sur le green, deux putt, bogey. Ce qui fait un aller en +12. Et presque 3 heures de jeu déjà. Le seul point positif, c'est que comme les heures défilent, il fait moins froid. Mais on sent très bien l'énervement des parties derrière nous. Sur le 10, entame au fer 9, deux putts, par. au 11, joli drive long et droit. L'hybride qui suit part en draw, prend un mauvais kick derrière la butte et franchit malheureusement le marquage du HL pour quelques centimètres comme je le constate quand j'arrive à ma balle. Obligé de repartir en jouer une autre au pas de course, à la surprise de monsieur boulet qui envisageait plutôt que je me droppe au point d'entrée et donc n'avait pas jugé utile de me signaler que'elle était out. La nouvelle est jouée plus prudemment, suivie d'une approche grattée puis d'une autre dans le bunker. Je n'ai toujours pas digéré ce HL non signalé. La sortie de bac se colle au mat, puis un putt, mais c'est un coup de trop: triple, donc croix.

Heureusement que monsieur boulet ne parle pas anglais, on se défoule Stewart et moi. Au 12 GIR et trois putts, bogey; au 13, GIR au mat, birdie raté, par. Au 14 drive arrêté par une branche, hybride qui permet de bien récupérer et avancer, approche, deux putts, bogey. Au 15 fer 6 gratté en entame (pas concentré), approche au mat, un putt et par. Un grosse faute au 16; après un bon drive et un bon hybride, je réfléchis à comment faire le birdie au moment de jouer un wedge pour le green. Ça se finit par un toppon des familles qui finit sa course dans le bunker. Sortie médiocre et une fois de plus 3 putts, double. Au 17 GIR-par, et finalement au 18 bogey suite à un drive au pied d'un arbre. Le retour est moins mauvais, en +8. Nous avons joué le retour en deux heures à peine, mais monsieur boulet a bien couru pour nous suivre.

Au niveau du jeu il m'a manqué mon échauffement, pour me remémorer mes clefs de swing, cela a directement plombé les cinq premiers trous. le putting, bien que très mauvais dans les chiffres (38 putts), m'a paradoxalement plu. Car si j'ai été trop souvent trop long, c'est parce que j'ai toujours eu un très bon contact de balle, qui lui a donné une vélocité qu'elle n'avait plus depuis longtemps. Le gros travail technique de ces derniers jours a payé, il faut juste recalibrer les distances.
9 fairways touchés, 6GIR.
6 pars, 6 bogeys, 4 doubles, 2 triples.

Dans 15 jours c'est la dernière à la maison, avant l'année prochaine.