Ça y est, la guerre est finie. La guerre des qualifications
plus exactement. Ce tournoi est probablement le plus dur pour les joueurs
professionnels de ce coté de l’atlantique (ils ont le même de l’autre coté,
d’ailleurs). Suivant les participants, il reçoit le nom de Verdun, ou de la
boucherie, ou du carnage. Ca pourrait ressembler de loin aux émissions de
télé-réalité, sauf que c’est pour de vrai comme on disait dans les cours de
récréation. Comme vous le savez si vous voulez vivre de vos gains au golf en
tant que joueur, vous n’avez que deux solutions (je ne compte pas le montage
d’arnaques aux gogos naïfs et fortunés auquel on assiste parfois); jouer
le tour européen ou l’USPGA. Le seul problème de ces lieux de travail, c’est
que leur entrée est très contrôlée, et qu’on se fait licencier dès que les
résultats ne sont pas au rendez-vous. La voie normale pour accéder au Graal,
c’est de gagner dans les divisions inférieures. Mais pour que le spectacle soit
plus palpitant, qu’on aie un peu de sang par terre, on a inventé une deuxième
voie, de repêchage comme de raccourci. Ce sont donc les qualifications, qui
sont sensées permettre d’éviter la rétrogradation, ou de griller les étapes des
divisions inférieures.
Mais déjà le jeu est biaisé, la promesse est souvent une
fausse promesse. Vous grillez peut-être une étape sur le papier, mais vous
n’avez pas le droit de jouer souvent, la faute à un classement qui vous impose
d’espérer des indisponibilités des autres. Ces qualifications donc sont une
marche terrible vers une illusion de vie meilleure. Vous allez enchainer des
tournois à élimination directe, sans repêchage, mais avec des frais nombreux,
une solitude, des partenaires qui sont devenus des adversaires directs (il ne
faut plus bien jouer, mais jouer mieux qu’eux). La défaillance est synonyme
d’élimination, un putt qui virgule et c’est la fin du rêve de toute une année.
Cette année, comme de nombreuses années, de nombreux
français ont tenté leur chance, mais seulement 10 d’entre eux se sont retrouvés
pour la dernière épreuve. Sur ces 10 d’ailleurs la plupart débutaient à ce
moment leur qualification, étant dispensés des tours précédents. Ce qui veut
dire aussi qu’il n’y avait presque pas de survivants des tourds précédents Des
30 français du premier tour, 8 ont atteint le second, et un seul le troisième.
Rejoints par une nouvelle de fournée de 13 pour le deuxième tour, seuls 5 ont
atteint la finale, qui ont retrouvé les 5 exempts des tours d’avant finale. Ces
10 mousquetaires avaient donc à lutter pendant 4 tours d’affilée, au milieu de
156 joueurs, et obtenir au minimum la 70e place, mais surtout être
déjà dans les 30 éligibles. Chaque tour a vu naitre des espoirs, souvent
cruellement piétinés le lendemain. Mais 8 sur 76 ont passé le cut. Les deux derniers tours furent les plus
dramatiques, comme à chaque fois. Des 8 survivants, seuls 3 ont atteint le
Graal d’une des 30 premières places. Et après… dans la pratique, peu de
différence en termes de possibilité de jeu l’année prochaine. Deux des 3 n’ont
gagné au final que quelques places dans l’ordre de jeu, ce qui en pratique ne
changera pas leurs possibilités d’évoluer sur le tour européen, seul Benjamin
Hebert a réellement bénéficié de ses qualifications. Pour tous les autres, soit
47, rien…
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